(Kiev) Un soldat ukrainien a été arrêté jeudi matin en Ukraine après avoir tué dans la nuit cinq personnes, dont quatre de ses camarades, dans le centre du pays, puis avoir pris la fuite pendant plusieurs heures avec son arme à feu.

Ce drame intervient au moment où l’Ukraine accuse la Russie, qui a massé des troupes à ses frontières, de tenter de la déstabiliser de l’intérieur, de premiers éléments d’enquête évoquant la piste du bizutage.

La fusillade s’est déroulée lorsque le tireur présumé a reçu son arme pour effectuer un tour de garde dans une usine du groupe Ioujmach dans la ville de Dnipro. Cette entreprise fabrique des fusées et lanceurs spatiaux mais également des missiles, véhicules et outils industriels ou agricoles.

« Un membre de la Garde nationale ukrainienne a tiré des coups de feu avec un fusil d’assaut Kalachnikov sur les gardes de l’usine, puis s’est enfui avec son arme. En conséquence, cinq personnes ont été tuées et cinq autres blessées », a indiqué le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.

Selon la police, les victimes sont quatre autres soldats de la Garde nationale et un civil, une femme.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exprimé, dans un message sur Facebook, ses « condoléances sincères » aux familles des victimes de ce « crime horrible », en appelant les enquêteurs à « analyser de manière la plus détaillée les motivations de l’assaillant ».

Plusieurs heures après le drame, le ministre de l’Intérieur a annoncé l’arrestation de ce jeune homme de 21 ans originaire de la région côtière d’Odessa et publié une photo de lui en uniforme et crâne rasé, allongé sur le sol enneigé.  

« Artem Riabtchouk vient d’être interpellé par des agents de police dans la région de Dnipropetrovsk », a écrit le ministre Denys Monastyrsky sur Facebook. Il a été arrêté dans la ville de Pidgorodné vers 7h30 GMT (2h30 HNE), a précisé la police nationale, soit à une quinzaine de kilomètres du lieu de la fusillade.

Une opération spéciale avait été lancée à Dnipro, une ville du centre du pays et dans la région avoisinante pour le retrouver.

Le Bureau public des enquêtes a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « négligence » contre les responsables de la Garde nationale, en les accusant d’avoir mal assuré la sécurité des sites d’infrastructures stratégiques et en évoquant le « bizutage » parmi les pistes du crime examinées par les enquêteurs.

Le commandant de la Garde nationale, Mykola Balan, a déclaré dans la soirée avoir présenté sa démission.

Phénomène récurrent

Les fusillades dans les unités militaires en ex-URSS sont un phénomène récurrent, souvent dues à des vengeances après un bizutage, en particulier en Russie, même si la situation s’est améliorée ces dernières années.

Ces bizutages, parfois très violents, peuvent aussi être la cause de suicides.

En février 2018, quatre soldats ukrainiens ont ainsi été tués par deux autres membres de l’armée dans l’Est du pays qui ont expliqué leur geste par le « bizutage ».

Toujours en Ukraine, des faits similaires ont aussi pu concerner des vétérans du front de l’Est où l’armée ukrainienne combat depuis 2014 des séparatistes prorusses, parrainés par la Russie, et qui ont fondé deux républiques autoproclamées.

En août 2021, la police ukrainienne avait arrêté un vétéran de cette même guerre du Donbass, semble-t-il déséquilibré, qui menaçait de faire exploser une grenade à l’entrée du siège du gouvernement à Kiev.

Plus généralement, les incidents armés sont devenus plus courants en Ukraine, les armes circulant plus librement dans le pays depuis la zone de conflit. En juillet 2020, un forcené armé a pris en otage pendant douze heures un bus avec 13 passagers à bord.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, un ancien acteur, avait accepté une étrange demande du ravisseur pour résoudre la crise : il avait diffusé sur Facebook une vidéo dans laquelle il recommandait de regarder un documentaire sur les mauvais traitements infligés aux animaux.

L’Ukraine est actuellement au cœur d’une crise géostratégique russo-occidentale, Washington accusant Moscou de vouloir envahir son voisin, tandis que les Russes se disent menacés par les ambitions de l’OTAN à ses frontières.