(Paris) Un problème de corrosion sur le système de sécurité des réacteurs nucléaires français s’est étendu à au moins un autre réacteur, un nouveau déboire qui tombe mal au moment où l’approvisionnement électrique est tendu et où la filière est scrutée comme jamais.  

« Les défauts qui ont été constatés sur les réacteurs de dernière génération ont été constatés sur un autre réacteur » à Penly (dans le nord-ouest de la France), qui est déjà à l’arrêt, a indiqué jeudi à l’AFP Karine Herviou, directrice générale adjointe de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Le problème n’avait jusqu’à présent été identifié que sur des réacteurs de 1450 mégawatts, plus puissants et récents. Celui de Penly est un réacteur de 1300 MW.

Électricité de France avait annoncé à la mi-décembre l’arrêt par précaution des deux réacteurs de la centrale de Chooz (nord-est) pour vérification d’éventuels défauts sur son circuit de refroidissement de secours, après la détection de défauts à Civaux (centre), une autre centrale de même modèle, dont l’arrêt avait alors été prolongé.

10 des 56 réacteurs français sont à l'arrêt

L’arrêt des quatre réacteurs de Civaux et de Chooz en plein mois de décembre avait privé la France de 10 % de sa capacité nucléaire et fait bondir les prix de l’électricité, déjà très élevés, sur le marché.

La France, qui tire la grande majorité de son électricité du nucléaire, comptait au total jeudi 10 réacteurs indisponibles sur 56 et était privée de 20 % de ses capacités, au moment où la consommation est habituellement élevée avec la baisse des températures.

Les nouveaux problèmes révélés jeudi interviennent à l’heure où la France s’interroge sur son avenir énergétique, entre volonté de lutter contre le changement climatique et d’assurer sa sécurité d’approvisionnement au meilleur prix.

Le nucléaire est l’un des thèmes clivants de la campagne présidentielle française en cours, avec des candidats favorables à cette énergie (notamment à droite, à l’extrême droite mais aussi chez les communistes) et d’autres hostiles (parti La France insoumise et FI et parti Europe Écologie les Verts, en particulier).

Macron veut en construire d'autres

Le président Emmanuel Macron, qui ne s’est pas encore déclaré candidat à un second mandat, a souvent vanté les avantages du nucléaire, notamment d’un point de vue climatique. Il a annoncé en novembre que la France allait lancer un nouveau programme de construction de réacteurs nucléaires.

Elle n’en construit pour l’instant qu’un seul de nouvelle génération, l’EPR de Flamanville (Manche), qui a connu de nombreux retards. Le dernier vient d’être annoncé mercredi : le chargement du combustible a été repoussé de fin 2022 au second trimestre 2023, pour une facture alourdie de 300 millions d’euros.