(Bruxelles) L’Union européenne a proposé mercredi de doper l’usage d’hydrogène en créant un nouveau marché européen dédié, tout en durcissant les contrôles et les restrictions sur les émissions de méthane et en encourageant le stockage de CO2 dans les sols agricoles.

Alors que l’UE vise des capacités d’électrolyse de 40 gigawatts d’ici 2040 pour produire de l’hydrogène, « nous avons besoin de marchés et d’infrastructures compétitifs pour fournir ces volumes aux consommateurs efficacement, de la manière la moins coûteuse », a indiqué le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans.

Dans ses propositions, qui devront être approuvées par les États membres et eurodéputés, l’exécutif européen prévoit d’établir un marché consacré à l’hydrogène, avec un système de certification, des normes techniques et réglementaires communes pour faciliter les échanges entre les Vingt-Sept ainsi qu’avec des pays tiers.

La production, l’acheminement et la fixation des tarifs seraient régis par ces règles européennes, tandis qu’une nouvelle structure de gouvernance serait instituée pour promouvoir les infrastructures, la construction de réseaux et coordonner les politiques nationales. Certaines structures gazières pourraient être réaffectées, et le coût des interconnexions transfrontalières annulé.

Dans le même temps, Bruxelles propose que les contrats européens à long terme d’achat de gaz naturel fossile « ne soient pas prolongés au-delà de 2049 », mais, face aux récentes tensions sur les approvisionnements énergétiques, le texte autorise aussi les États à procéder à des achats groupés volontaires de gaz pour disposer de stocks stratégiques.

Pour populariser le recours à l’hydrogène, la Commission veut permettre aux consommateurs de « changer de fournisseur énergétique plus facilement », tout en ayant accès à des informations plus précises et transparentes sur leur facture et leur empreinte carbone.

Dans une proposition distincte, l’exécutif européen souhaite durcir les restrictions sur le méthane. L’UE s’est engagée à réduire de 30 % d’ici 2030 ses émissions de ce puissant gaz à effet de serre, par rapport à 2020.

Bruxelles veut obliger les entreprises pétrolières et gazières à inspecter fréquemment leurs équipements afin de détecter les fuites pour les réparer immédiatement, et surtout interdire le rejet à l’air libre et le torchage de routine (brûlage des rejets de gaz) de puits d’hydrocarbure ou mines de charbon, sauf dans des circonstances exceptionnelles ou inévitables pour des raisons de sécurité.

Enfin, la Commission veut doper les initiatives de stockage du carbone dans les sols agricoles, qui pourraient contribuer selon elle à emprisonner sous terre quelque 42 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030.

Bruxelles entend promouvoir la pratique dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC), renforcer les financements publics, mais aussi proposer d’ici fin 2022 un mode rigoureux et détaillé de certification des absorptions carbone.