(Londres) C’est le « devoir national » de chaque Britannique : après avoir recensé le tout premier mort en Europe du variant Omicron, le Royaume-Uni met les bouchées doubles lundi pour administrer une dose de rappel du vaccin contre la COVID-19 à tous les adultes d’ici à fin décembre.  

De longues files d’attente de plusieurs heures se sont formées devant les centres de vaccination, le site du service de santé a peiné à répondre aux demandes de rendez-vous et des centaines de militaires ont été mobilisés pour répondre à la tâche herculéenne à laquelle sont confrontées les autorités sanitaires.

« J’ai pris ma matinée pour être vaccinée, car je vais voir mes grands-parents », a confié à l’AFP Sarah Jackson, 29 ans, devant un centre de vaccination à Londres. « On m’a dit qu’il y avait une queue de deux heures pour s’enregistrer et ensuite deux heures pour être vacciné ».  

Le temps presse. Très durement touché par la pandémie avec plus de 146 500 morts et 50 000 contaminations quotidiennes, le Royaume-Uni, qui compte 66 millions d’habitants, fait désormais face à « un raz-de-marée d’Omicron », selon les termes du premier ministre Boris Johnson.

« Malheureusement, Omicron génère des hospitalisations et il a été confirmé qu’au moins un patient est mort d’Omicron », a-t-il déclaré au cours de la visite d’un centre de vaccination dans la capitale britannique.  

Interrogé par l’AFP, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a confirmé qu’il « semblait en effet s’agir du premier décès confirmé lié au (variant) Omicron » du coronavirus, du moins en Europe. Mais « de nombreux cas n’ont pas fait l’objet d’un séquençage génomique » et il est donc « impossible de savoir s’il s’agit du premier décès lié à Omicron » tout court, a nuancé le centre.

« Devoir national »

Afin d’éviter de voir les hôpitaux submergés, une course contre la montre est engagée sur le plan vaccinal : le gouvernement a avancé d’un mois l’objectif d’offrir en Angleterre une piqûre de rappel à tous les plus de 18 ans, qui pourront désormais en bénéficier avant le Nouvel An.   

La tâche s’annonce titanesque. Multiplication des centres de vaccination, horaires étendus, déploiement de l’armée : la campagne de rappel, qui consistera à doubler le nombre des troisièmes doses offertes pour les faire passer à environ un million par jour, est d’une ampleur « jamais vue » au Royaume-Uni, a souligné le ministre de la Santé, Sajid Javid, sur la chaîne de télévision Sky News.  

À tel point que Boris Johnson a lancé lundi soir un large « appel à volontaires », afin recruter des bénévoles pour mener à bien cette « mission nationale ». « Nous avons besoin de dizaines de milliers de gens pour nous aider », a-t-il écrit dans un communiqué, qui précise que 13 000 personnes ont déjà proposé leur aide pendant la semaine écoulée.  

Le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a soutenu lundi soir dans une allocution télévisée la décision d’accélérer la campagne de vaccination. Il a appelé les Britanniques à relever ce « grand défi », affirmant que cela relevait de leur « devoir national ».  

Le chef spirituel des anglicans, Justin Welby, a quant à lui « encouragé les gens à se faire vacciner » sur Times Radio, affirmant qu’il en allait du devoir « moral » de chacun.  

Deux doses de vaccin étant considérées comme insuffisantes pour offrir un bon niveau de protection contre le variant Omicron, environ 40 % des plus de 12 ans en ont déjà reçu une troisième.

Propagation « phénoménale »

Omicron « se propage à un taux phénoménal, que l’on n’avait jamais vu auparavant », le nombre des contaminations doublant tous les deux à trois jours, a dit Sajid Javid. Détecté au Royaume-Uni fin novembre, Omicron devrait bientôt être le variant dominant, estime le gouvernement.  

Au total, 4713 cas d’Omicron ont été identifiés lundi dans ce pays, mais le nombre réel des cas y serait bien supérieur.

C’est pourquoi le télétravail et le port du masque dans presque tous les endroits fermés ont récemment été décrétés. Malgré cette consigne, le trafic était dense lundi matin dans le quartier d’affaires de la City et certains bus étaient bondés.

Un passeport sanitaire sera aussi imposé dès mercredi dans les grands lieux de rassemblement, une mesure qui fâche une partie des députés de la majorité conservatrice.

Soumises au vote des députés mardi, ces nouvelles mesures devraient être adoptées grâce au soutien du parti d’opposition travailliste.

Elles interviennent dans un contexte difficile pour Boris Johnson, fragilisé par une série de scandales liés à des fêtes supposées à Downing Street l’hiver dernier, au moment où les Britanniques devaient limiter leurs interactions sociales.