Tirs sporadiques aux frontières, militaires aux aguets, accusations mutuelles : un an après la fin de la guerre dans le Haut-Karabakh, la situation entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan reste tendue. À preuve : cette semaine encore, des escarmouches ont tué des militaires des deux côtés. La Presse a parcouru différentes régions de l’Arménie en octobre pour en prendre le pouls. Premier volet d’une série de deux reportages de nos envoyés spéciaux Janie Gosselin et Martin Tremblay.

Un cessez-le-feu fragile

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Dans le village d’Eraskh, situé tout près du Nakhitchevan, la république autonome de l’Azerbaïdjan, les habitants se plaignent de tirs quasi quotidiens.

(Eraskh, Arménie) Le soleil se couche sur le village d’Eraskh, à environ une heure de route de la capitale arménienne. Des vaches paissent. Des enfants jouent sur la route en terre. Des poules picorent le sol.

Des coups de feu viennent soudainement perturber la scène agricole. Nune Grigorian crie en poussant les représentants de La Presse vers un mur de briques. Les balles sifflent dans le ciel.

« On dort tout habillés, on est devenus comme des soldats », venait de confier Mme Grigorian, mère de deux fils adultes, en racontant le stress des derniers mois.

Les habitants de ce village de 780 âmes accusent les soldats azerbaïdjanais, postés dans cette zone frontalière – tout près du Nakhitchevan, une république autonome de l’Azerbaïdjan –, de prendre Eraskh pour cible depuis l’été dernier. Sur les collines surplombant le hameau, on distingue un poste militaire azerbaïdjanais d’un côté. En face, un drapeau rouge-bleu-orange révèle une position arménienne.

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Sur les collines surplombant Eraskh, on distingue un poste militaire azerbaïdjanais d’un côté. En face, une position arménienne.

Tensions

Les tensions entre ces deux pays voisins de la région du Caucase ne sont pas nouvelles. Mais elles connaissent un regain depuis ce qu’il est désormais convenu d’appeler la guerre de 2020 au Haut-Karabakh.

République autoproclamée, appelée Artsakh par ses quelque 141 000 habitants, le Haut-Karabakh a déclaré son indépendance de l’Azerbaïdjan en 1991. Mais la souveraineté de ce territoire d’une taille comparable à celle de la Communauté métropolitaine de Montréal n’est pas reconnue par la communauté internationale.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Majoritairement arméniens et chrétiens, les habitants du Haut-Karabakh refusent d’appartenir à l’Azerbaïdjan turcophone et musulman, brandissant un patrimoine culturel historique en appui de leurs revendications. Dans cette région, les populations et les frontières ont fluctué au fil des siècles.

Malgré les frontières officielles, l’Azerbaïdjan a perdu le contrôle du territoire en 1994 lors d’une guerre sanglante. Des milliers d’Azerbaïdjanais ont quitté leurs demeures, tout en continuant d’espérer un retour.

Le conflit est resté latent pendant des années, ravivé sporadiquement par des accrochages et une guerre express de quatre jours en 2016.

Jusqu’à l’automne 2020.

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Les camions militaires sont omniprésents aux abords des zones frontalières.

La guerre

Le 27 septembre marque le début de cette nouvelle guerre. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir lancé les hostilités.

Soutenu par la Turquie, l’Azerbaïdjan a réussi à reprendre le contrôle sur environ les deux tiers du Haut-Karabakh et sept districts limitrophes, au terme de 44 jours de combat.

Fort d’un développement économique important ces dernières années – grâce en partie aux revenus de l’exportation d’hydrocarbures vers l’Europe –, le pays de 10 millions d’habitants s’était doté d’un budget militaire conséquent.

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La Russie a déployé 2000 soldats de maintien de la paix dans la région après le cessez-le-feu.

En face, l’Arménie, où vivent moins de 3 millions de personnes, sortait tout juste d’une révolution pour mettre fin à des années de corruption politique.

Le Haut-Karabakh est devenu le théâtre d’un jeu géopolitique dépassant ses frontières.

Les hostilités ont fait plus de 6500 morts.

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Une odeur de brûlé flottait dans l’air et de la fumée s’échappait de ballots de foin lors du passage de La Presse à Eraskh.

Accord précaire

Le 9 novembre, sous l’égide de la Russie – l’autre grande puissance de la région, avec la Turquie –, les deux pays ont signé un cessez-le-feu. Mais il demeure fragile. Si le calme règne dans la plupart des régions de l’Arménie, les tensions restent vives dans les zones frontalières entre les deux ex-républiques soviétiques.

« C’est toujours une surprise », témoigne le chef du village d’Eraskh, Radik Ogikyan, en parlant des tirs. L’homme en veston bleu, une cigarette aux lèvres, est l’un des rares à avoir été blessé, deux mois plus tôt, dit-il.

Les coups de feu entendus par La Presse ne semblent pas avoir causé de blessures ou de dégâts. Les dommages seraient surtout matériels, estiment les villageois – une odeur de brûlé flottait toujours dans l’air et de la fumée s’échappait de ballots de foin lors du passage de La Presse. Résultat, ont affirmé les habitants du hameau, de projectiles reçus trois jours plus tôt.

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Position militaire des forces arméniennes qui surplombe la mine, à environ 2 km de la frontière de l’Azerbaïdjan.

Une mine divisée

Les habitants d’Eraskh ne sont pas les seuls à constater un regain d’activité aux frontières.

En juillet dernier, un accrochage près du village de Sotk, dans l’est de l’Arménie, a causé la mort de trois soldats arméniens et fait deux blessés, selon Erevan. L’Azerbaïdjan a de son côté fait état de deux militaires blessés.

« Il y a des tirs tous les jours, raconte un gardien de sécurité posté à une guérite, sur le chemin menant à la mine d’or de Sotk. Le soir, on éteint les lumières. »

Le gardien de 50 ans, qui refuse de donner son nom, dit plonger la petite cabane dans le noir par crainte des drones survolant la région.

Avec son collègue de 60 ans, une tuque noire enfoncée sur la tête, ils gèrent le va-et-vient des camions de la mine exploitée par une entreprise russe. La frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan traverse la mine. Depuis la fin de la guerre, l’Azerbaïdjan a repris le contrôle sur une portion du territoire.

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À Sotk, les temps sont durs. Le jour, le village est pratiquement déserté. Les travailleurs sont aux champs, ramassant des sacs de pommes de terre.

Si les deux hommes sont gardiens de sécurité, c’est parce que la paie est bonne, disent-ils, alors que la situation économique est particulièrement difficile dans la région.

« Il y a toujours du danger, mais il n’y a pas vraiment de raisons d’avoir peur, avance l’un des deux en fumant une cigarette. Ça fait 11 mois qu’on est ici et ils ne nous ont pas pris pour cibles. »

Au loin, des camions militaires des forces arméniennes s’activent dans les montagnes.

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Saison des récoltes de Kakis dans la bourgade de Meghri, dans le sud de l’Arménie

Un couloir

Au cours des derniers mois, l’Arménie a accusé l’Azerbaïdjan d’incursion dans le pays. À Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan, le gouvernement a nié, avançant une défense de ses propres lignes.

Il faut dire que depuis l’accord de cessez-le-feu de novembre 2020, des Arméniens craignent un empiètement sur leur État.

L’entente prévoyait une « connexion sûre » entre l’Azerbaïdjan et sa république autonome du Nakhitchevan, enclavée dans l’Arménie, pour assurer le passage des personnes et des marchandises. Actuellement, les Azerbaïdjanais doivent faire un détour par l’Iran pour se rendre de l’un à l’autre par la route.

Cette « connexion » (ou corridor, selon le terme utilisé en Azerbaïdjan) devrait passer par Meghri, dans le sud de l’Arménie, ville frontalière avec l’Iran.

Dans la bourgade de Meghri, regorgeant d’arbres fruitiers, rien ne laissait deviner en octobre la mise sur pied d’un tel passage.

Nombre d’Arméniens s’y opposent, y voyant une menace à l’intégrité de leur territoire.

« Meghri, c’est le portail sud de l’Arménie, souligne Silva Ovakinian, une commerçante de 61 ans rencontrée sur place. S’ils donnent Meghri aux Turcs [Azerbaïdjanais], c’est comme donner toute l’Arménie. » Comme d’autres Arméniens, elle désigne les habitants du pays voisin par leur langue, rappelant du même coup leur alliance avec le pays issu de l’Empire ottoman, responsable du génocide arménien.

Le génocide de 1915, qui a fait plus d’un million et demi de morts, reste d’ailleurs en filigrane du dernier conflit. Pour les descendants des survivants installés en Arménie, la menace existentielle pèse toujours sur les mémoires.

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Boris Azatzian, 69 ans, se remémore une époque où l’Arménie et l’Azerbaïdjan, tous deux membres de l’Union soviétique, vivaient en paix.

Train

Boris Azatzian vit aussi à Meghri. Il estime que la meilleure solution pour permettre un lien entre l’Azerbaïdjan et le Nakhitchevan devrait prendre la forme d’un train.

« Je voudrais que le train soit ouvert à tout le monde, que les Arméniens puissent traverser le Nakhitchevan, qu’ils puissent aller jusqu’à Moscou », rêve l’homme de 69 ans.

Comme à l’époque de l’Union soviétique.

« J’avais de bonnes relations avec les Azerbaïdjanais, il y a toujours eu de bons gars », confie le grand-père de deux garçons en se remémorant ses voyages ferroviaires.

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Autrefois, le train traversait le territoire azerbaïdjanais du Nakhitchevan et s’arrêtait à Eraskh. Antranik Vartanyan ne croit pas possible de revenir à une telle harmonie.

À l’époque, le train s’arrêtait dans le village d’Eraskh.

Antranik Vartanyan, qui habite le hameau, est né à la fin des années 1980, au moment où les relations se sont détériorées. Même s’il dit souhaiter la paix, il n’imagine pas traverser le Nakhitchevan, à 500 m de ses terres, d’où proviennent des tirs « pratiquement chaque jour », affirme-t-il.

« C’est une situation d’inimitié qui date de nos grands-parents et qui continue, c’est trop profond, dit-il. Je ne vois pas comment ça peut être résolu. »

* Ce reportage a été réalisé grâce à une bourse du Fonds québécois en journalisme international.

Des frontières sous tension

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Le village de Chournoukh est divisé en deux. Des militaires russes de maintien de la paix sont déployés dans la région.

(Région du Syunik, Arménie) D’un côté de la route 2 flotte le drapeau bleu, rouge et vert frappé d’un croissant et d’une étoile de l’Azerbaïdjan, au-dessus d’un poste militaire. De l’autre, l’étendard arménien. Entre les deux, un char d’assaut avec son pavillon de la Russie, où se trouvent quelques hommes en uniforme, dépêchés sur place l’an dernier dans l’opération de maintien de la paix.

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Chournoukh est un hameau où vivent quelque 200 personnes. Une quinzaine d’enfants fréquentent son école.

Le village de Chournoukh, où passe la route 2, a été coupé en deux après la guerre. Une douzaine de maisons du hameau de quelque 200 personnes se trouvaient du mauvais côté de la voie. Elles sont maintenant officiellement en Azerbaïdjan. Leurs habitants ont fui.

Manik Alexanian habite Chournoukh, du côté resté arménien, depuis septembre 2020. Depuis qu’elle a quitté son village du Haut-Karabakh, pendant la guerre.

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Les petits-fils de Manik Alexanian s'arrêtent à la maison le midi. La femme vit avec son fils et sa bru.

« C’est la réalité qu’on vit maintenant ici, dit en soupirant la grand-mère de 65 ans, assise dans une pièce où elle vit avec son fils et sa bru. Là-bas, nous n’étions pas en sécurité. Ici, c’est moins dangereux, mais on voit les Turcs [Azerbaïdjanais] par la fenêtre. »

Depuis la fin des hostilités, l’an dernier, l’Azerbaïdjan a repris le contrôle du territoire tel que tracé à l’époque où les deux ex-républiques soviétiques partageaient des frontières ouvertes.

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Le village de Chournoukh est divisé en deux. Des militaires russes de maintien de la paix sont déployés dans la région.

« Bienvenue en Azerbaïdjan »

Pour arriver au village de Chournoukh en provenance d’Erevan, il faut passer par la route 2, dont un tronçon d’environ 3 km est maintenant contrôlé par l’Azerbaïdjan.

Pour le traverser, il faut d’abord le feu vert des gardiens russes et des militaires arméniens déployés à un point de contrôle.

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Pour emprunter les 3 km de route contrôlés par les Azerbaïdjanais, les Arméniens devaient, en octobre, obtenir le feu vert de militaires russes et de militaires arméniens.

« Bienvenue en Azerbaïdjan ! », proclame, un peu plus loin, un panneau planté le long de la route à flanc de montagne, en russe, en anglais et en langue azérie.

Au bout de quelques kilomètres, on retrouve des soldats russes, avec, cette fois, des gardes-frontières azerbaïdjanais.

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Des camions immatriculés en Iran, circulant en direction nord, sont immobilisés le long de la route près de Chournoukh.

Sur le bas-côté, une dizaine de camions immatriculés en Iran et circulant en direction inverse sont immobilisés.

Des chauffeurs originaires de ce pays au sud de l’Arménie ont confirmé à La Presse qu’une taxe d’environ 200 $US était maintenant exigée pour emprunter les 3 km de cette route.

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Des camionneurs iraniens ont confirmé qu’une taxe est maintenant prélevée pour emprunter cette portion de la route.

En traversant l’Arménie, puis la Géorgie, les marchandises iraniennes peuvent ensuite atteindre la mer Noire, l’Europe et la Russie. L’Arménie a mis les bouchées doubles pour réaménager une route passant par l’intérieur du pays pour permettre le passage des camions de marchandises.

Selon des informations relayées la semaine dernière par la presse arménienne, les Arméniens ne pourraient plus circuler eux-mêmes librement sur ce tronçon. Une taxe serait exigée, quand l’entrée ne serait pas carrément interdite.

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Dans le sud de l’Arménie, près de Chakaten, un panneau planté le long de la route souhaite la bienvenue en Azerbaïdjan. La route relie deux villages arméniens.

Tracé

Ce point de contrôle dans les environs de Chournoukh semblait une exception en octobre. Mais ailleurs le long des frontières, les deux voisins tentent d’asseoir leurs limites territoriales.

Dans le sud du pays, en quelques minutes, le GPS fluctue de l’Azerbaïdjan à l’Arménie au gré des courbes de la route. Près du village de Chakaten, un panneau a été planté pour souhaiter la bienvenue en Azerbaïdjan. Avec des photos de Bakou, même s’il est impossible de gagner la capitale azerbaïdjanaise par cette voie.

La présence azerbaïdjanaise inquiète les habitants de la région. Des rumeurs sur des vaches volées circulent parmi les agriculteurs. « Mais, Dieu merci, il n’y a pas encore eu d’incidents violents », note Arsen Marsaelian, professeur de musique.

Les gens du village ont peur, souligne-t-il. Et une simple étincelle pourrait embraser toute la région.

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Les villageois ont peur, disent Tamara Hapogian et Arsen Marsaelian (à droite), rencontrés à Chakaten.

« Les villageois descendent aux champs en groupes, et ceux qui ont des armes les apportent avec eux au cas où, affirme Tamara Hagopian, devant son magasin général de Chakaten. D’autres n’y vont plus parce qu’ils ont trop peur. »

Impossible de vérifier ses dires auprès des principaux intéressés ou dans les autres villages plus au sud. Invoquant l’absence du permis requis et les risques sécuritaires, des militaires arméniens ont demandé à La Presse de rebrousser chemin.

Une nouvelle réalité

Avec la reprise de contrôle de certains territoires par l’Azerbaïdjan, les Arméniens doivent s’adapter à une nouvelle réalité. Frontière rapprochée, craintes pour le patrimoine ou pour les soldats toujours en poste, le pays s’ajuste avec méfiance.

  • L’Arménie compte un peu moins de 3 millions d’habitants. Sur cette photo, on aperçoit au loin le mont Ararat, à l’extrême est de la Turquie.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    L’Arménie compte un peu moins de 3 millions d’habitants. Sur cette photo, on aperçoit au loin le mont Ararat, à l’extrême est de la Turquie.

  • « On continue à vivre, dit Razmik Avedisian, 88 ans. On ne sait pas comment sera la situation demain. » En raison des territoires regagnés par l’Azerbaïdjan durant la guerre de 2020, la région où il habite, près de Kapan, est devenue une zone frontalière, avec des postes militaires implantés tout près.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    « On continue à vivre, dit Razmik Avedisian, 88 ans. On ne sait pas comment sera la situation demain. » En raison des territoires regagnés par l’Azerbaïdjan durant la guerre de 2020, la région où il habite, près de Kapan, est devenue une zone frontalière, avec des postes militaires implantés tout près.

  • En Arménie, le service militaire est obligatoire pour les hommes arméniens âgés de 18 à 27 ans et dure deux ans. Ils sont ensuite dans la réserve. « Ça va mais en y pensant, j’ai beaucoup grandi », confie Eric Martinian, rencontré avec ses camarades. Le soldat de 19 ans a commencé son service au mois d’août 2020, passant la guerre dans le Haut-Karabakh.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    En Arménie, le service militaire est obligatoire pour les hommes arméniens âgés de 18 à 27 ans et dure deux ans. Ils sont ensuite dans la réserve. « Ça va mais en y pensant, j’ai beaucoup grandi », confie Eric Martinian, rencontré avec ses camarades. Le soldat de 19 ans a commencé son service au mois d’août 2020, passant la guerre dans le Haut-Karabakh.

  • Lilia Stepanian visite tous les jours la tombe de son fils Gorik, mort à 18 ans l’an dernier, alors qu’il était au front. Elle pense à ses camarades, qui doivent poursuivre leur service militaire dans les zones frontalières sous tension. « Ce sont des conditions difficiles, ils sont traumatisés, ils ne devraient pas avoir à vivre ça », affirme la femme rencontrée à Erevan.

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    Lilia Stepanian visite tous les jours la tombe de son fils Gorik, mort à 18 ans l’an dernier, alors qu’il était au front. Elle pense à ses camarades, qui doivent poursuivre leur service militaire dans les zones frontalières sous tension. « Ce sont des conditions difficiles, ils sont traumatisés, ils ne devraient pas avoir à vivre ça », affirme la femme rencontrée à Erevan.

  • Ruben Hovanisian et son fils Armen se sont joints à une milice lors de la dernière guerre. Armen avait 17 ans, mais il a pris les armes pour se poster près de sa ville de Kapan, en cas d’une attaque sur ce front. Son père est venu le rejoindre dans les tranchées, après 25 jours passés au Haut-Karabakh. Il se dit « fier » de son fils. « Mais, bien sûr, j’ai aussi eu peur pour lui », souffle-t-il.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Ruben Hovanisian et son fils Armen se sont joints à une milice lors de la dernière guerre. Armen avait 17 ans, mais il a pris les armes pour se poster près de sa ville de Kapan, en cas d’une attaque sur ce front. Son père est venu le rejoindre dans les tranchées, après 25 jours passés au Haut-Karabakh. Il se dit « fier » de son fils. « Mais, bien sûr, j’ai aussi eu peur pour lui », souffle-t-il.

  • Encore ce mois-ci, des informations ont circulé sur des accrochages près du lac Sev, dont une partie se trouve en Arménie et l’autre, en Azerbaïdjan. Karine Khoushoudian s’y rendait régulièrement avec son troupeau, jusqu’à ce que les autorités en interdisent l’accès. Son fils, militaire, est posté là-bas. « Il dit que tout est normal, mais je ne sais pas s’il essaie juste de me rassurer », souligne la femme de 44 ans.

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Encore ce mois-ci, des informations ont circulé sur des accrochages près du lac Sev, dont une partie se trouve en Arménie et l’autre, en Azerbaïdjan. Karine Khoushoudian s’y rendait régulièrement avec son troupeau, jusqu’à ce que les autorités en interdisent l’accès. Son fils, militaire, est posté là-bas. « Il dit que tout est normal, mais je ne sais pas s’il essaie juste de me rassurer », souligne la femme de 44 ans.

  • Mourad Badalian se souvient de l’époque, avant les années 1990, où les deux ex-républiques partageaient des frontières ouvertes. « On avait de bonnes relations », estime le paysan de 50 ans, qui dit avoir perdu l’accès aux meilleurs pâturages. Il craint surtout les réactions de la jeune génération. « Pour eux, c’est plus difficile, ils n’ont jamais vécu aussi proches les uns des autres. »

    PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

    Mourad Badalian se souvient de l’époque, avant les années 1990, où les deux ex-républiques partageaient des frontières ouvertes. « On avait de bonnes relations », estime le paysan de 50 ans, qui dit avoir perdu l’accès aux meilleurs pâturages. Il craint surtout les réactions de la jeune génération. « Pour eux, c’est plus difficile, ils n’ont jamais vécu aussi proches les uns des autres. »

  • « Autant que possible, pendant la guerre, les responsables religieux enlevaient les portes des églises, les croix, et les apportaient en sécurité [hors du Haut-Karabakh] », raconte le père Magar Vardabed, rencontré dans la ville de Goris. Les Arméniens ont exprimé leurs craintes de destruction du patrimoine culturel et religieux dans la région passée sous contrôle azerbaïdjanais.

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    « Autant que possible, pendant la guerre, les responsables religieux enlevaient les portes des églises, les croix, et les apportaient en sécurité [hors du Haut-Karabakh] », raconte le père Magar Vardabed, rencontré dans la ville de Goris. Les Arméniens ont exprimé leurs craintes de destruction du patrimoine culturel et religieux dans la région passée sous contrôle azerbaïdjanais.

  • Dans la capitale arménienne, le calme règne. Politiquement, la guerre continue cependant de créer des remous pour le premier ministre, Nikol Pachinian. Des milliers d’opposants ont exprimé leur colère dans les rues d’Erevan le 8 novembre dernier, un an après la fin des hostilités au Haut-Karabakh. L’accord de cessez-le-feu, signant une défaite de l’Arménie, a été mal accueilli par une partie de la société.

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    Dans la capitale arménienne, le calme règne. Politiquement, la guerre continue cependant de créer des remous pour le premier ministre, Nikol Pachinian. Des milliers d’opposants ont exprimé leur colère dans les rues d’Erevan le 8 novembre dernier, un an après la fin des hostilités au Haut-Karabakh. L’accord de cessez-le-feu, signant une défaite de l’Arménie, a été mal accueilli par une partie de la société.

  • La guerre au Haut-Karabakh, avec ses milliers de déplacés intérieurs, s’est ajoutée à la crise de la COVID-19 et a durement frappé l’Arménie. Le pays avait connu une croissance en 2019, année de sa « révolution de velours ». Selon la Banque mondiale, 44 % de la population vivait sous le seuil de la pauvreté en 2020.

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    La guerre au Haut-Karabakh, avec ses milliers de déplacés intérieurs, s’est ajoutée à la crise de la COVID-19 et a durement frappé l’Arménie. Le pays avait connu une croissance en 2019, année de sa « révolution de velours ». Selon la Banque mondiale, 44 % de la population vivait sous le seuil de la pauvreté en 2020.

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