(Moscou) Plus d’un millier de Russes ont manifesté samedi à Moscou à l’appel du Parti communiste, protestant contre ce que les critiques du Kremlin ont qualifié de fraudes massives lors des dernières législatives, Vladimir Poutine saluant lui une « victoire convaincante ».

Sur une place Pouchkine remplie, des figures du Parti communiste ont harangué une foule compacte et calme, décriant un scrutin « volé », selon un correspondant de l’AFP sur place.

Le parti au pouvoir « Russie Unie a volé les sièges des députés », a déclaré devant la foule Valéri Rachkine, premier secrétaire du Parti communiste à Moscou, critiquant une « fraude électorale colossale à Moscou ».

Vladimir Poutine a pour sa part salué samedi une « victoire convaincante », affirmant que la démocratie russe se renforçait, lors de cette rencontre avec les chefs de cinq partis ayant remporté des sièges au parlement, dont celui du Parti communiste, Guennadi Ziouganov.

Avant le début de la manifestation, non autorisée par les autorités, ces dernières ont arrêté plusieurs militants politiques dont Sergueï Oudaltsov, chef d’un parti de gauche radicale, a indiqué l’ONG OVD-Info, spécialisée dans le suivi des manifestations en Russie.

Un important dispositif policier avait été mis en place sur la place Pouchkine, mais les forces de l’ordre n’ont pas tenté de disperser la manifestation, se contentant de diffuser de la musique à un volume élevé afin de noyer les discours prononcés par les manifestants.  

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Un manifestant s’adresse à un policier sur la place Pouchkine, à Moscou.

« Poutine est un voleur », scandaient les manifestants, appelant également à libérer les prisonniers politiques.

Certains brandissaient des pancartes réclamant que l’on recompte les votes, tandis que d’autres exprimaient leur soutien à l’opposant emprisonné Alexeï Navalny.

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Un homme tient une affiche réclamant la libération d’Alexeï Navalny.

L’opposition au président Poutine a accusé les autorités de fraudes massives lors des législatives.

Ces dernières ont vu le parti du pouvoir rafler une majorité des deux tiers, assez pour réviser la Constitution, point final d’un scrutin sur mesure dont avaient été exclus les détracteurs de Vladimir Poutine.

Alexeï Navalny et ses alliés, faute de pouvoir participer au scrutin après le classement de leur mouvement comme « extrémiste » par la justice, avaient mis au point une stratégie visant à encourager les Russes à donner leur voix aux candidats les mieux placés pour battre ceux du pouvoir, souvent des communistes.

Selon l’opposition, ce « vote intelligent » aurait remporté un large succès notamment à Moscou, mais a été contrecarré par les fraudes.

« Il n’y a pas que des membres du parti communiste, mais tout simplement l’électorat de l’opposition », a indiqué à l’AFP Deniza Lisova, 26 ans, pigiste dans le domaine des réseaux sociaux, affirmant que toutes les couleurs politiques étaient représentées. « Nous avons tous soutenu le Parti communiste aux élections », a-t-elle ajouté, dénonçant des fraudes notamment lors du vote en ligne.