(Paris) Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a lancé la procédure de dissolution de « Nawa », une maison d’édition basée en Ariège, en raison notamment de la diffusion de « plusieurs ouvrages légitimant le djihad », a indiqué vendredi à l’AFP l’entourage du ministre.

« Sa ligne éditoriale est clairement anti-universaliste et en contestation directe des valeurs occidentales. Elle a diffusé plusieurs ouvrages légitimant le djihad et ses dirigeants sont en lien avec la sphère djihadiste », a précisé l’entourage du ministre.

L’association, dont le nom complet est « Nawa Centre d’études orientales et de traduction » est une « maison d’édition associative », a-t-on détaillé de même source. Elle avait été déclarée en sous-préfecture de Pamiers en 2008.

Elle se présente sur son site internet comme une maison d’édition ayant « la volonté de valoriser les sciences humaines et politiques issues de l’héritage musulman » et de contribuer « au renouveau de ces disciplines via l’étude du monde occidental ou occidentologie, l’histoire des idées et des doctrines politiques contemporaines ».

Selon le Journal officiel, elle est dirigée par Abû Soleiman Al-Kaabi et Aïssam Aït Yahya, qui ont publié plusieurs ouvrages.

Une mesure de gel des avoirs visant l’association et ses dirigeants a par ailleurs été prise jeudi, selon l’arrêté paru au Journal officiel.

« C’est une maison d’édition bien connue des services de renseignement français, fait remarquer le sociologue Samir Amghar. Je m’interroge sur le timing politique. Pourquoi avoir attendu 5 ans ? »

Des experts considèrent que Nawa a joué un rôle dans le processus de radicalisation de certains jeunes, que cette association défend un djihad de la pensée, un islam ultra-orthodoxe ».

Le sociologue Samir Amghar.

La maison d’édition est souvent associée à la mouvance salafiste, un avis que ne partage pas le chercheur de l’Université libre de Bruxelles.

Créée avant les attentats des années 2010, Nawa se signale par « des propos d’ordre contestataire, elle défend une certaine lecture de la société française, avec une posture post-colonialiste », souligne M. Amghar.