(Paris) « Hésitants », personnes âgées ou fragiles : les autorités continuent la course à la vaccination contre la COVID-19 et le variant Delta pour aller au-delà du cap des 50 % des Français complètement vaccinés, tout juste franchi mardi.

Entre premières et deuxièmes doses, 4,7 millions d’injections ont été effectuées la semaine passée, soit « la meilleure semaine depuis le début de la campagne » en décembre 2020, selon le ministère de la Santé, qui espère « faire encore mieux » cette semaine et la prochaine.

Le gouvernement ne veut pas relâcher la pression car la flambée des contaminations se poursuit avec 26 871 enregistrées mardi, le chiffre le plus haut depuis la fin avril. A l’hôpital, le nombre de malades a atteint 7137 mardi, soit 557 patients de plus en 24 heures, et 121 personnes ont été admises en services de soins critiques, portant le nombre total de malades de la COVID-19 dans ces services à 978 personnes.

La France vient de passer mardi le cap des 50 % de personnes vaccinées, avec 50,5 % de la population dotée d’un schéma vaccinal complet, un niveau néanmoins éloigné du seuil d’immunité collective estimé à environ 90 % avec le nouveau variant Delta.

Selon le ministère de la Santé Olivier Véran, la France, qui était en retard sur ses voisins européens, a « réduit l’écart avec l’Italie et la Belgique ». Elle reste derrière l’Espagne et le Portugal, mais est en « phase de rattrapage très rapide ».

Le premier ministre Jean Castex, en visite en Seine–Saint-Denis (la banlieue nord-est de Paris) pour convaincre les habitants de se faire vacciner, s’est dit persuadé que le nouvel objectif de 50 millions de primovaccinés d’ici fin août serait atteint. Il réunira les ministres concernés par la crise sanitaire mercredi en tout début de matinée.

Retour du masque

« Trois millions de rendez-vous seront ouverts dans les dix prochains jours », a indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran qui l’accompagnait.

« Il est urgent de se vacciner », a martelé sur France Inter le « Monsieur Vaccin » qui conseille le gouvernement, déplorant, à cause de Delta, « une augmentation du nombre d’hospitalisations de plus de 60 % en une semaine et de plus de 80 % » pour les admissions aux soins intensifs.  

Éclosions multiples dans les zones touristiques

Ce variant fait « doubler chaque semaine » le taux d’incidence — nombre hebdomadaire moyen de nouveaux cas pour 100 000 habitants — qui a grimpé à 189 en moyenne nationale, soit près de quatre fois le seuil d’alerte (50).

La flambée est très visible dans les zones touristiques (le littoral atlantique, les régions de Nice et de Montpellier et la Corse) où nombre de préfectures ont réimposé des restrictions, dont le masque en extérieur.

Face au variant Delta, « nous n’avons pas le choix », il faut « des mesures incitatives plus fortes que celles qui étaient (jusqu’à présent) du domaine de l’explication », a souligné le professeur Fischer.

Appui total au passeport vaccinal

Parmi ces mesures, il soutient pleinement le projet de loi gouvernemental prévoyant l’obligation vaccinale pour les soignants et le pass sanitaire généralisé aux bars et restaurants, lieux culturels et transports. Un texte adopté aux forceps et qui devrait entrer en vigueur entre le 5 et le 10 août, « peut-être plus près du 10 août », selon le ministre Véran.

L’extension du passeport sanitaire annoncée par Emmanuel Macron le 12 juillet a provoqué un boom des prises de rendez-vous pour une première vaccination.

Selon le ministère de la Santé citant un sondage IFOP, le taux d’adhésion à la vaccination a progressé à 86 % au 22 juillet contre 81 % dans une précédente étude.

Députée enceinte vaccinée par un ministre

Après avoir vacciné sa collègue du gouvernement, la secrétaire d’État Olivia Grégoire, enceinte de cinq mois, M. Véran, neurologue de profession, a souligné l’effet positif de la vaccination, assurant, en citant des études de Santé publique France et de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, qu’on observe déjà « une décorrélation entre les hospitalisations et les diagnostics ».  

« Il y a moins de patients hospitalisés pour formes graves de la COVID-19 dans notre pays qu’il y en avait lors des vagues précédentes pour un nombre de contaminés identique », s’est-il réjoui.

Pour Alain Fischer, il faut concentrer l’attention sur les « hésitants » à la vaccination, dont beaucoup sont des « gens en grande précarité ou des groupes culturels qui entendent moins bien les explications » officielles.

Ces publics sont visés par un dispositif qui prévoit de multiples initiatives : vaccibus, campagnes au pied des tours d’habitation, vaccination dans les centres commerciaux, en pharmacie, appels téléphoniques ciblés.

Les autorités veulent aussi mettre l’accent sur la vaccination des plus de 80 ans qui plafonnait et a recommencé à augmenter avec désormais plus de 82 % de primovaccinés.

Pour les personnes souffrant de comorbidités, la couverture s’améliore également avec 75 % de protégés avec une première dose. Mais l’objectif gouvernemental est de se hisser à 85 % pour ces populations particulièrement à risque qui pourraient engorger les hôpitaux.