(Paris) Le parquet de Paris a cité le polémiste Éric Zemmour à comparaître le 8 septembre devant le tribunal correctionnel pour « provocation à la discrimination » et « injures raciales » après des propos sur les migrants mineurs isolés, a-t-on appris vendredi auprès de son avocat.

Les déclarations qui lui sont reprochées ont eu lieu le 29 septembre 2020, après un attentat devant les ex-locaux de Charlie Hebdo, lors d’un débat télévisé à la chaîne d’information Cnews consacré à la question des mineurs isolés.

Ils n’ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c’est tout ce qu’ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu’ils viennent.

Éric Zemmour

Deux jours plus tard, le parquet de Paris avait ouvert une enquête afin d’examiner si ces propos pouvaient faire l’objet de poursuites.

Une semaine auparavant Éric Zemmour avait été condamné à 10 000 euros d’amende, pour « provocation à la haine raciale » et « injures publiques à caractère raciste », pour une diatribe sur l’islam et l’immigration lors d’un rassemblement politique à l’automne 2019.

PHOTO LUDOVIC MARIN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Éric Zemmour, à qui sont prêtées avec insistance des intentions présidentielles, n’a jamais fait part explicitement d’un tel projet, mais l’association de financement du parti « Les amis d’Éric Zemmour » a été agréée le 1er juillet par la Commission nationale des comptes de campagne.

S’affichant serein face à cette nouvelle échéance judiciaire, l’avocat du polémiste, Olivier Pardo, a souligné que « M. Zemmour a été poursuivi 12 fois et nous avons gagné 10 fois : une condamnation n’avait pas été contestée en appel par choix et l’autre est pendante devant la Cour européenne des droits de l’Homme » pour des propos en 2016 sur les musulmans.

« Choisir entre l’islam et la France »

Cette année-là, sur le plateau de l'émission « C à vous » (diffusée au Québec à TV5), l’auteur du livre Destin français avait estimé qu’il fallait donner aux musulmans « le choix entre l’islam et la France » et que la France vivait « depuis 30 ans une invasion ».

Pour les déclarations sur Cnews, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a d’ores et déjà sanctionné la chaîne d’information du groupe Canal+ d’une amende de 200 000 euros, en mars dernier, pour « incitation à la haine » et « à la violence ».  

Le Groupe Canal+ avait dans la foulée « déploré » une décision contrevenant « au principe de liberté d’expression » et annoncé vouloir « mettre en œuvre les voies de recours possibles dans les plus brefs délais ».  

10 % dans la délinquance

Selon un rapport parlementaire récent, 2000 à 3000 migrants mineurs isolés étaient recensés en France en septembre 2020 par le ministère de la Justice, dont 10 % étaient des délinquants.

Il s’agit surtout de vols de rue, dans les transports en commun, parfois avec violences, ou de vols par effraction, en premier lieu dans les pharmacies, beaucoup d’entre eux étant toxicomanes.

Selon le rapport, 75 % sont originaires du Maghreb, essentiellement Algériens et Marocains.  

Depuis son arrivée en octobre 2019 sur CNews, en pleine polémique sur ses propos sur l’islam, les plaintes se sont multipliées à l’encontre de la chaîne d’info et du polémiste qui a dopé ses audiences, son émission quotidienne « Face à l’info » réunissant en moyenne 700 000 téléspectateurs.

Visé dans la presse par plusieurs accusations d’agressions sexuelles, l’écrivain et journaliste a aussi été épinglé pour l’« outrance » de ses déclarations par le comité d’éthique de Canal+.

Éric Zemmour, à qui sont prêtées avec insistance des intentions présidentielles, n’a jamais fait part explicitement d’un tel projet, mais l’association de financement du parti « Les amis d’Éric Zemmour » a été agréée le 1er juillet par la Commission nationale des comptes de campagne.