(Paris) « Préparez vos justificatifs » : pour aller au cinéma, au musée ou dans des établissements sportifs, les Français doivent désormais présenter une preuve de vaccination ou un test COVID-19 négatif, alors que le nombre des contaminations a bondi de 140 % en une semaine.

« La quatrième vague, on y est », a affirmé mercredi le premier ministre Jean Castex, en lançant « un défi collectif » aux Français pour qu’« on atteigne huit millions de vaccins » administrés dans les deux prochaines semaines.

C’est « un objectif très ambitieux » qui « montre que nous aurons compris la gravité de la situation », a-t-il ajouté sur TF1, en soulignant que 96 % des 18 000 personnes contaminées recensées mardi n’étaient pas vaccinées.

Quelque 56,6 % de la population française a reçu au moins une injection, et 46,4 % de la population est totalement vaccinée, selon les derniers chiffres officiels mardi.

Alors que le masque en extérieur fait son retour dans plusieurs zones touristiques où l’épidémie repart, le premier ministre a détaillé l’application du passeport sanitaire dans les lieux de loisirs et de culture rassemblant plus de 50 personnes (contre 1000 auparavant).

Une tolérance d’« une semaine » sera accordée pour faire de la « pédagogie », selon Jean Castex. Viendra ensuite « le temps des sanctions ».

Équilibre à trouver

Les responsables d’établissements culturels - ainsi que les cafés et restaurants à partir de début août - devront contrôler les passeports sanitaires à l’entrée.

Pour les professionnels, ces contrôles s’annoncent fastidieux. Comment gérer au cinéma du Grand Rex, à Paris, « 1200 personnes alors que les spectateurs arrivent un quart d’heure avant, et qu’il faut 20 à 25 secondes pour contrôler chaque personne », s’interroge Richard Patry, le président de la Fédération nationale des cinémas français.

Sur toutes ces questions, le débat s’annonce vif à l’Assemblée nationale qui doit examiner mercredi après-midi le projet de loi étendant le passeport sanitaire et prévoyant l’obligation vaccinale pour les soignants, en vue d’une adoption express.

« Nous sommes vigilants : il faut trouver la balance entre l’atteinte à la liberté d’aller et venir et la protection sanitaire de nos citoyens », a assuré la présidente de la commission des lois, Yaël Braun-Pivet.

Alors que les manifestations anti-passeport sanitaire se multiplient, Jean Castex a envoyé un message de fermeté envers ceux qui « en viennent à des actes de violence » en protestant contre la vaccination. « Nous serons intraitables », a-t-il promis, en ciblant ceux qui « font allusion à l’étoile jaune ou à la Shoah, s’en prennent à des permanences parlementaires, mettent le feu à des centres de vaccination ».

« Tomber le masque »

Annoncé il y a neuf jours,  l’élargissement du passeport sanitaire avait provoqué une ruée sur la vaccination… et fait l’effet d’une douche froide sur le milieu de la culture, qui peinait à se relever de plusieurs mois de fermeture pour cause de pandémie.

Salles de cinéma, musées, théâtres et festivals d’été sont partagés entre crainte d’une baisse de fréquentation et espoir que la mesure, qui concerne pour l’instant seulement les personnes majeures, ne décourage pas trop les spectateurs.

D’autant plus que l’obligation de porter le masque dans ces endroits-là n’est plus d’actualité, sauf contrordre des autorités locales en fonction de la situation épidémique.

Marguerite D’Almeda, soignante de 23 ans venue voir « Kaamelott » -adaptation au cinéma par Alexandre Astier de sa série humoristique à succès dans l’univers du roi Arthur-mercredi matin au MK2 Bibliothèque, à Paris, préfère elle garder son masque, même si elle est vaccinée. Mais depuis la réouverture des salles, « il y a des gens qui portent le masque, d’autres qui n’en portent pas », constate-t-elle.

Pour faire face à ces nouvelles contraintes, la tour Eiffel, un des monuments les plus visités au monde, a prévu des tests antigéniques pour tous les visiteurs qui se présenteraient sans passeport sanitaire (gratuits pour les Français, payants pour les étrangers). Des deux côtés de La Dame de Fer, qui a reçu depuis vendredi la moitié de sa fréquentation estivale habituelle, une tente a été installée à cet effet.

Au total, 111 554 personnes sont officiellement décédées de la COVID-19 en France - qui compte plus de 67 millions d’habitants - depuis le début de l’épidémie.