(Berlin) Le gouvernement d’Angela Merkel a approuvé mercredi une première aide d’urgence pour soulager les sinistrés des inondations meurtrières dans l’ouest de l’Allemagne, où la reconstruction s’annonce longue et se chiffrera en milliards d’euros.

Le conseil des ministres a adopté une aide fédérale immédiate de 200 millions d’euros tandis que les régions, compétentes en matière de protection civile, verseront une somme identique, a annoncé le ministre des Finances Olaf Scholz lors d’une conférence de presse.

« Nous allons faire en sorte que la vie reprenne », a assuré le ministre social-démocrate, réitérant la promesse de la chancelière Angela Merkel de verser l’argent « rapidement et de façon non bureaucratique ».

Il s’agit de parer au plus pressé, en sécurisant notamment des bâtiments et infrastructures endommagés dans les régions les plus meurtries par les crues, et en aidant ceux qui ont tout perdu, ou bien vivent dans des conditions précaires, sans eau potable ou électricité.

« S’il s’avère que nous avons besoin de plus, alors nous donnerons plus », a promis le ministre.

Les inondations des 14 et 15 juillet, plus grande catastrophe naturelle des dernières décennies en Allemagne, ont causé la mort de 174 personnes dans le pays, selon un dernier bilan établi mercredi soir.  

En Belgique, 32 personnes sont décédées, portant le bilan provisoire des intempéries en Europe à 206 victimes. Le gouvernement de la région wallonne a lui aussi annoncé une aide immédiate sous forme de prêt sans intérêt de 2500 euros par foyer « pour prendre en charge les besoins de première nécessité ».

Milliards de dégâts

Ces sommes constituent un tout premier pas. Berlin envisage aussi de faire appel au fonds de solidarité européen qui soutient financièrement les États membres de l’UE en cas de catastrophe naturelle.

Et surtout elles seront complétées par un programme de reconstruction qui s’élèvera à plusieurs milliards d’euros, a estimé M. Scholz, jugeant encore prématuré d’évaluer plus précisément les besoins. La Wallonie a de son côté indiqué qu’elle allouerait une enveloppe de 2 milliards.

En 2013, l’Allemagne avait dépensé quelque 6 milliards d’euros lors des inondations de l’Elbe et du Danube qui avaient frappé en tout onze Länder, a rappelé Horst Seehofer, ministre de l’Intérieur, précisant que l’ordre de grandeur du sinistre actuel serait supérieur.

La fédération allemande des assureurs GDV a déjà annoncé mercredi que les dégâts assurés coûteraient entre 4 et 5 milliards d’euros aux professionnels de l’assurance.

La facture totale sera bien plus élevée puisque dans les deux régions les plus touchées de l’ouest de l’Allemagne, beaucoup d’habitants ne sont pas assurés contre les catastrophes naturelles : le taux de couverture contre ce risque est 37 % en Rhénanie-Palatinat et de 47 % en Rhénanie-du-Nord–Westphalie.

Le bilan humain risque lui encore de s’alourdir, alors que plus d’une centaine de personnes sont portées disparues en Allemagne.

Une semaine après les inondations, « il est malheureusement très probable que nous ne pourrons plus secourir » de survivants, a estimé mercredi Sabine Lackner, vice-présidente de l’Agence fédérale allemande de secours technique (THW).

Prévenir les catastrophes

La remise en état des villes et des infrastructures sera « un travail de longue haleine », a déjà averti Angela Merkel, qui quittera le pouvoir à l’issue des législatives du 26 septembre.

Le prétendant conservateur à sa succession, Armin Laschet, a lui parlé de « mois, voire d’années » avant d’effacer les plaies du drame.

Routes, ponts, gares, conduites d’eau et de gaz : de nombreuses infrastructures ont subi des dégâts importants qui nécessiteront des réparations lourdes.

Et des investissements seront également nécessaires pour prévenir de futurs sinistres.  

L’Allemagne, comme le reste de l’Europe, va devoir s’habituer à une accélération des catastrophes naturelles, prévient Wolf Dombrowsky, professeur de gestion des catastrophes à l’institut privé Steinbeis de Berlin.

« Ce que nous voyons — des champs de débris dans les bassins fluviaux —, cela va arriver de plus en plus souvent », prévient-il dans un entretien à l’AFP.

« Nous devrions dès à présent changer fondamentalement toute notre loi sur la construction, celle sur l’habitat, l’aménagement du territoire urbain » tout en créant des « zones d’expansion pour les cours d’eau », ajoute-t-il.