(Grenoble) Plusieurs femmes appartenant à un collectif militant grenoblois se sont baignées mercredi en burkini dans une piscine de la ville, avant d’être verbalisées et exclues de l’établissement pour deux mois, a indiqué la mairie de Grenoble.

Selon la police, cinq militantes se sont introduites vers 15 h 30 dans la piscine Jean Bron, dans le centre de Grenoble, provoquant l’évacuation du bassin à la demande des agents municipaux, qui avaient bloqué l’accès à la baignade d’une dizaine d’autres femmes.

Ce nouvel incident intervient après plusieurs actions de ce collectif et des échanges tendus entre Éric Piolle, le maire écologiste de la ville, et le gouvernement, sur ce type de maillot de bain recouvrant l’ensemble du corps.

Cette action « s’est faite dans le calme, sans violence », a précisé à l’AFP Annabelle Bretton, adjointe chargée de l’éducation populaire et de la démocratie ouverte, qui a ensuite reçu les militantes à la mairie.

L’Alliance citoyenne, l’association en question, affirme pour sa part dans un communiqué que ses militantes « réclament le droit de choisir leur maillot de bain : maillot de bain couvrant, à manches longues, à manches courtes ou encore en topless », jugeant les règlements actuels « discriminants », et promet de renouveler son action.

« Ces méthodes d’action sont dans leur ADN. Elles sont dans leur créneau, et nous, tranquillement, on est dans le nôtre », en appliquant le règlement intérieur de la piscine, qui interdit ces tenues, assure l’élue.

Contactée mercredi par l’AFP, l’Alliance citoyenne, l’association en question, n’a pas donné suite dans l’immédiat.  

« Depuis 2018, le syndicat des femmes musulmanes libres et voilées de l’Alliance citoyenne lutte pour accéder à la piscine, qui, on le rappelle, est un bien commun », affirmait le collectif dans un communiqué le 16 juillet sur Facebook.

« Règles compatibles avec la charia »

En mars 2021, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a demandé à la Commission européenne d’annuler une subvention accordée à un consortium dont fait partie l’Alliance citoyenne, qu’il accuse de « promouvoir des règles compatibles avec la charia. »

À l’été 2028, l’Alliance citoyenne avait organisé une manifestation dans le hall de l’hôtel de ville, pour réclamer au maire Éric Piolle de « laisser les femmes choisir leur maillot de bain. »

En juin 2019, une dizaine de femmes soutenues par l’Alliance citoyenne avaient mené une action dans cette même piscine, en présence des médias locaux, pour revendiquer leur droit de se baigner en burkini.

Elles avaient alors justifié cet « acte de désobéissance civile » comme une protestation contre les règlements des piscines, qu’elles jugent discriminatoires.

Le 18 juin 2021, Éric Piolle avait, dans une lettre au premier ministre Jean Castex, demandé au gouvernement de statuer au niveau national sur l’interdiction ou non de ces maillots.