(Paris) Le préfet de police de Paris a interdit mardi un « bal des migrants » qui devait se tenir dans la soirée à Paris, après une polémique née des déclarations d’un DJ ayant demandé, lors d’une autre soirée, aux personnes blanches d’« aller derrière ».

L’arrêté a été pris par le préfet en raison de « forts risques de troubles à l’ordre public », écrit la préfecture dans un communiqué.

La cinquième édition de ce bal, qui devait avoir lieu place Stalingrad (XIXe arrondissement) de 17 h à minuit, « fait l’objet de polémiques violentes sur les réseaux sociaux après les déclarations faites notamment par l’un des animateurs de la soirée », détaille la préfecture.

« Ces déclarations d’appel à la distinction entre les êtres humains du fait de leur couleur ou de leur origine génèrent une situation conflictuelle », ajoute la préfecture, pour qui l’évènement est « susceptible de rassembler des personnes véhiculant des valeurs non républicaines et contraires au principe de cohésion nationale ».

Dans une publication sur les réseaux sociaux liée à une précédente soirée, le DJ Fanaya, pour qui le plancher de danse est « un espace politique où les relations de pouvoir se reproduisent aussi », imposait aux blancs d’« aller derrière » et aux autres, « surtout les personnes noires », d’« occuper la place et tout l’espace qui (leur) revient de droit ».

« Durant mon set, les personnes noires et non blanches sont prioritaires », avait insisté l’artiste.

Sa publication avait été reprise par le député LREM François Jolivet, qui avait dénoncé sur Twitter la participation du DJ et demandé à la maire PS de Paris Anne Hidalgo d’« interdire à cet artiste de se produire » au bal des migrants.

L’interdiction préfectorale est une « atteinte directe et inouïe au droit, pour une association militante, d’exprimer une opinion politique », s’est indignée mardi l’association organisatrice de l’évènement, le Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM), qui avait déjà annoncé dimanche que le DJ au cœur de la polémique se retirait de la programmation face aux « pressions et menaces reçues ».

PHOTO BUREAU D’ACCUEIL ET D’ACCOMPAGNEMENT DES MIGRANTS

Dans une publication sur les réseaux sociaux liée à une précédente soirée, le DJ Fanaya imposait aux blancs d’« aller derrière » et aux autres, « surtout les personnes noires », d’« occuper la place et tout l’espace qui (leur) revient de droit ». Le bal des migrants doit se tenir mardi soir sur la place de la Bataille de Stalingrad, à Paris.

C’est la « fachosphère », estime dans un communiqué le BAAM, qui a conduit à l’interdiction de cette soirée qui devait rassembler mardi soir autour du thème de l’opposition à Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, chargée de la lutte contre l’immigration clandestine aux portes de l’Europe.

Le groupe écologiste du Conseil de Paris a dénoncé sur Twitter la décision du préfet de police, « aux fondements légaux incertains et accompagnée d’une communication stigmatisante ».

« Un bal festif célébrant la solidarité avec les exilés n’est pas un trouble à l’ordre public », disent les élus EELV parisiens en réaffirmant leur « plein soutien » au BAAM, « victime de cyberharcèlement ».

Cheffe de file de l’opposition de droite au même conseil municipal, Rachida Dati (LR) a salué « une décision qui s’imposait : la tenue de ce bal était incompatible avec les valeurs républicaines que le groupe Changer Paris défend ».

Premier adjoint d’Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire (PS) avait dit samedi « désapprouver totalement » les propos du BAAM. L’organisme avait indiqué que les « les positions politiques » de Fanaya « sont non seulement légitimes mais également essentielles pour permettre une réelle appropriation de l’espace par toutes les personnes racisées ».