(Madrid) Confrontée à une explosion des cas de COVID-19 parmi les jeunes, l’Espagne veut accélérer la vaccination de cette tranche d’âge, afin d’éviter une nouvelle vague de la maladie qui ruinerait la saison touristique et le redémarrage de l’économie.

À la différence d’autres pays européens, qui ont ouvert il y a plusieurs semaines la vaccination aux jeunes adultes et aux adolescents, l’Espagne applique un système assez rigide, qui a débuté cet hiver avec les personnes âgées de plus de 80 ans et est arrivé progressivement à la tranche des 30-39 ans.

Mais avec l’arrivée de l’été et des vacances, les fêtes étudiantes dans les bars, les discothèques et les appartements se multiplient, alors même que le port du masque n’est plus obligatoire en plein air.

Conséquence inéluctable : le nombre de contaminations est devenu incontrôlable depuis une dizaine de jours dans cette catégorie d’âge.

L’incidence s’est ainsi élevée à 814 cas pour 100 000 personnes sur 14 jours pour les 20-29 ans mercredi, soit plus du triple de l’incidence moyenne pour l’ensemble de la population (252).

« La plus grande partie de ces cas ne débouchent pas sur des hospitalisations, parce qu’ils sont généralement moins graves », a déclaré à l’AFP le Dr Fernando García, porte-parole de l’Association madrilène de santé publique.

« Mais ils contribuent à la propagation du virus s’ils ne sont pas enrayés à temps », a-t-il ajouté.

Accès limité aux vaccins

C’est pour freiner cette augmentation des cas de COVID-19 chez les jeunes - qu’il a qualifiée d’« exponentielle » - que le gouvernement de la Catalogne a annoncé mardi que les bars et discothèques fonctionnant dans des espaces clos devraient fermer pour au moins 15 jours à partir du weekend prochain.   

Une autre région, la Cantabrie (nord), avait pris une mesure similaire dans 16 municipalités la semaine dernière, alors que la Navarre a avancé de 3 h à 1 h du matin la fermeture des bars et discothèques. L’Aragon a également pris des restrictions mercredi.

Mais réimposer des restrictions n’est pas suffisant.

L’incidence élevée chez les jeunes apparaît, en effet, comme une conséquence de leur accès très limité aux vaccins, bien que certaines régions, qui sont responsables en matière de santé, leur aient déjà ouvert la vaccination.

Le pourcentage des 20-29 ans ayant reçu au moins une dose d’un vaccin est ainsi de seulement 14,4 %, alors qu’il est de 64,1 % pour l’ensemble de la population, selon des chiffres officiels.

Aussi plusieurs régions ont-elles décidé d’accélérer l’ouverture de la vaccination aux jeunes entre 16 et 29 ans. C’est notamment le cas de Castille-La Manche, du Pays basque et de la région de Madrid.

Alors qu’il prévoyait jusqu’à maintenant d’inviter lycéens et étudiants à recevoir une première dose fin août, avant la rentrée scolaire et universitaire, le gouvernement régional de Madrid a brusqué les choses et décidé que les jeunes de 16 ans et plus pourraient prendre un rendez-vous pour se faire vacciner dès le début de la semaine prochaine.

Enjeu politique énorme

Cette question de l’accélération de la vaccination pour les moins de 30 ans était le principal sujet à l’ordre du jour de la réunion hebdomadaire du Conseil interterritorial de santé, qui réunit chaque mercredi les responsables sanitaires de toutes les régions du pays sous l’égide de la ministre de la Santé.

Certains présidents de gouvernement régionaux ont aussi reproché au gouvernement central d’avoir supprimé l’obligation de porter le masque en plein air, et même d’avoir levé le couvre-feu.

En visite dans les pays baltes, le premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, a approuvé l’ouverture de la vaccination dès maintenant aux plus jeunes.

« Lorsque les générations les plus vulnérables sont protégées », l’idée est de « faire se chevaucher la vaccination de diverses tranches d’âge pour protéger ceux qui souffrent de la plus grande incidence, c’est-à-dire les jeunes », a-t-il dit mercredi lors d’une conférence de presse en Lettonie.  

Une politique que la ministre de la Santé a « encouragé » les régions à suivre.  

L’enjeu politique est énorme pour le gouvernement de gauche, une reprise de la pandémie risquant de mettre à mal la relance de l’économie sur laquelle M. Sánchez a misé toute sa stratégie.