(Ljubljana) Des dizaines de milliers de Slovènes se sont rassemblés vendredi soir dans le centre de Ljubljana pour réclamer la démission du premier ministre conservateur Janez Jansa, alors que leur pays s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne (UE).

La manifestation, d’une ampleur inédite depuis plusieurs années, visait à dénoncer une dérive autoritaire du dirigeant de 62 ans, qui a survécu mercredi à une motion de destitution.

« Stop au fascisme, des élections maintenant ! Stop au jansisme, des élections maintenant », lançait la foule. De nombreux manifestants étaient venus à vélo, symbole du mouvement né il y a un peu plus d’un an, peu après le retour au pouvoir de M. Jansa, mais qui s’est intensifié depuis fin avril.

« La chute du gouvernement n’est peut-être pas la solution, mais elle est nécessaire et doit survenir rapidement pour entamer un dialogue sur l’avenir de notre État », a dit à l’AFP Miha, un jeune militant écologiste, dans une ambiance bon enfant et sous haute surveillance policière.  

PHOTO JOHANNA GERON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Le premier ministre slovène Janez Jansa

Jasa Jenull, un des organisateurs, a évalué le nombre de manifestants à « environ 40 000 », tandis que la télévision publique évoquait le chiffre de 20 000 en se basant sur « plusieurs estimations ».

Syndicats, partis de l’opposition, collectifs d’étudiants et d’artistes avaient appelé tout au long de la semaine les habitants de ce pays de deux millions d’habitants à descendre dans la rue.  

Ils reprochent au gouvernement une corruption endémique et l’accusent d’utiliser la pandémie de COVID-19 pour attaquer les médias, démanteler les acquis sociaux et porter atteinte à l’indépendance de la justice.

Sur Twitter, le premier ministre a dénoncé un rassemblement « anti-slovène », estimant qu’il s’agissait là d’une « violation des restrictions sanitaires ».

Sa cote de popularité est au plus bas depuis son investiture en mars 2020-autour de 30 % d’opinions favorables.

Accusé de copier la Hongrie de Viktor Orban, Janez Jansa, un admirateur de l’ancien président américain Donald Trump, est en mauvais termes avec Bruxelles, alors que la Slovénie prend le 1er juillet les rênes de l’UE.  

Jeudi, la ministre slovène de la Justice Lilijana Kozlovic a démissionné après le rejet par le gouvernement de deux candidatures de procureurs pour le parquet européen, nouvelle instance de lutte contre la fraude de l’UE.

Les magistrats recalés avaient enquêté sur des allégations de pots-de-vin en lien avec M. Jansa.