(Londres) Le ministre de la Défense britannique a prévenu dimanche qu’il serait « contreproductif » de bloquer les exportations d’AstraZeneca comme en a menacé la veille la présidente de la Commission européenne si l’Union européenne ne recevait pas d’abord ses livraisons.

« L’Union européenne sait que le reste du monde regarde la façon dont la Commission se comporte », a déclaré Ben Wallace à la chaîne de télévision SkyNews. « Si des contrats et des engagements sont rompus ce serait très dommageable pour un bloc commercial qui se targue de (respecter) la loi », a-t-il poursuivi.

Une source dans l’entourage de la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a réagi dimanche soir : « La Commission a son propre contrat avec AstraZeneca. Nous essayons simplement de le faire respecter. Le laboratoire nous a livré moins de 10 % des doses prévues pour l’année par le contrat. Il est donc normal que nous demandions que ces doses soient livrées comme prévu aux Européens », a-t-elle dit.

Le ministre britannique a aussi estimé que ce blocage serait « contre-productif ». Soulignant la nature collaborative de la production de vaccins qui implique plusieurs pays dans le monde, le ministre a prévenu que « cela compromettrait non seulement les chances de leurs citoyens d’avoir un programme de vaccination approprié, mais aussi de nombreux autres pays dans le monde, et nuirait à la réputation de l’UE ».

« Essayer, en quelque sorte, de diviser ou d’ériger des murs ne ferait que nuire aux citoyens de l’UE et au Royaume-Uni », a déclaré plus tard le ministre dans une interview à la BBC.

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Le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace à l’émission The Andrew Marr Show

Ursula von der Leyen a menacé d’interdire les exportations prévues si elle ne recevait pas ses livraisons de vaccins AstraZeneca.

« C’est le message que nous passons à AstraZeneca : respectez votre contrat avec l’Europe avant de commencer à livrer d’autres pays », a-t-elle déclaré dans une interview avec le groupe des médias allemands Funke.

Elle a rappelé que le contrat de l’UE avec AstraZeneca prévoyait la livraison de doses produites à la fois sur le territoire de l’UE et au Royaume-Uni.

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La présidente de la Commission Ursula von der Leyen

« Or, nous n’avons rien reçu des Britanniques, alors que nous les fournissons », a-t-elle fait valoir, ajoutant que l’UE avait envoyé une « lettre formelle » pour s’en plaindre au groupe pharmaceutique suédo-britannique.

Le vaccin AstraZeneca est produit sur le territoire européen notamment dans deux usines en Belgique et aux Pays-Bays, deux pays qui ont appelé à la prudence sur un durcissement des exportations alors que d’autres pays européens, comme la France, le soutiennent.

Pendant ce temps, la campagne de vaccination massive débutée le 8 décembre au Royaume-Uni bat son plein, avec un nombre record d’injections administrées samedi : en 24 heures, 844 285 doses de vaccin anti-COVID-19 ont été administrées dans le pays, a indiqué le gouvernement dimanche.

Plus de la moitié des 52,7 millions d’adultes au Royaume-Uni a reçu une première dose de vaccin contre la COVID-19.

L’objectif du gouvernement est de proposer une première dose de vaccin contre le coronavirus à toutes les personnes de plus de 50 ans d’ici à la mi-avril et à tous les adultes d’ici fin juillet.

Pays d’Europe le plus durement touché par la pandémie de coronavirus avec plus de 126 000 morts, le Royaume-Uni utilise les vaccins de Pfizer/BioNTech et d’AstraZeneca/Oxford.