(Paris) Il y a ceux qui fuient pour un dernier week-end ou plus, ceux qui affrontent des heures de queue pour un dernier magasinage : une certaine fébrilité s’est emparée vendredi des Parisiens quelques heures avant l’entrée en vigueur d’un nouveau confinement, le troisième en un an.

Dès le matin, les gares parisiennes étaient bondées de voyageurs pressés d’attraper leur train pour s’évader de la capitale et ses nouvelles restrictions.

Et en fin de journée, quelque 400 kilomètres de bouchons étaient enregistrés à la sortie de Paris.

Comme le nord de la France et d’autres régions dans l’ouest et le sud, Paris et ses huit départements vont être reconfinés dès vendredi minuit, pour quatre semaines, afin d’endiguer la progression de la COVID-19. La France approche de la barre des 100 000 morts.

Les mesures annoncées jeudi par le premier ministre Jean Castex ont beau être plus souples que lors des confinements de mars et novembre-il sera notamment permis de sortir sans limitation de durée pendant la journée, dans un rayon de 10 kilomètres-, les Parisiens fuient.

Sous les écrans des départs, gare Montparnasse, Maïwenn attend, sa grosse valise à la main, l’annonce de son train. L’étudiante de 19 ans a décidé d’aller se mettre au vert dans sa belle-famille, près de Saint-Brieuc (ouest), pour terminer son année universitaire.  

Les trains vers la Bretagne, le Sud-Ouest ou Lyon étaient tous complets vendredi matin, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la SNCF, contre 60 à 70 % de remplissage ces derniers vendredis.

Deux valises derrière elle, Laurence Devilleger, 58 ans, s’engouffre sur le quai de son train à destination de Pau (sud-ouest), un déplacement pour le week-end envisagé de longue date mais que la professeure en conservatoire a prévu de prolonger « si nos cours basculent en distanciel ».

Malgré tout, nombreux sont ceux qui voyagent léger, s’en tenant à leur projet initial d’un week-end hors de la région parisienne, « même si la tentation est grande » de ne pas rentrer pour Renaud, 43 ans, contrôleur financier.

La SNCF a constaté un bond de 20 % des réservations pour les départs ce week-end, les destinations les plus recherchées au départ de Paris étant selon un porte-parole Bordeaux, Lyon, Marseille, Rennes et Nantes.

Ceux qui n’ont pas la possibilité de partir se rabattent sur un dernier magasinage. Rue de Rivoli, dans le centre de Paris, des files interminables s’étendent devant les enseignes de vêtements, nombreuses dans le quartier.

« Je ne comprends pas grand-chose à ce nouveau confinement, ce qui nous attend. Mais bon, tout va fermer, alors je me suis dit, tiens, je vais faire les magasins une dernière fois », indique une cliente, Barbara.

Tous les commerces vont fermer, à l’exception de ceux vendant des produits de première nécessité, ainsi que les libraires et les coiffeurs.

Le président Emmanuel Macron a jugé que le mot « confinement » n’était « pas adapté », expliquant qu’il s’agissait de « freiner le virus sans nous enfermer ». Mais quel que soit le terme, seuls 56 % des habitants des territoires concernés adhèrent à ces nouvelles mesures, considérées à une écrasante majorité comme trop tardives et insuffisantes, selon un sondage Odoxa publié vendredi.

Fin janvier, malgré un plateau élevé de contaminations, le chef de l’État avait choisi contre l’avis des experts de ne pas reconfiner le pays.