(Moscou) Le Fonds souverain russe (RDIF) a annoncé lundi que des accords de production du vaccin anti-COVID-19 Spoutnik V avaient été trouvés « avec des sociétés d’Italie, d’Espagne, de France et d’Allemagne », dans l’attente de son homologation dans l’UE.

« Il y a actuellement d’autres pourparlers en cours pour augmenter la production dans l’UE. Cela permettra de commencer à approvisionner le marché unique européen en Spoutnik V dès l’autorisation par l’Agence européenne du médicament » (EMA), a dit dans un communiqué le patron du Fonds, Kirill Dmitriev.  

Compagnies pharmaceutiques non identifiées

Le responsable du RDIF, qui a financé le développement de ce vaccin, n’a pas indiqué le nom des groupes européens avec lesquels des accords avaient été trouvés. Et de fait, à part en Italie, aucun partenaire local n’a été confirmé.

Le 9 mars, un premier accord de production avait été annoncé en Italie avec l’entreprise pharmaceutique italo-suisse Adienne, qui produira le vaccin en Lombardie.

En France, le ministère de l’Économie a indiqué lundi à l’AFP n’être au courant d’aucun accord signé entre le fonds souverain russe et des entreprises françaises dans le but de produire le Spoutnik.

Même inconnue en Espagne, où le ministère de la Santé a répondu à l’AFP : « Pour le moment, nous n’avons pas d’informations concernant la formalisation de quelque contrat que ce soit pour la fabrication en Espagne. »

Quant à l’Allemagne, on sait depuis février que des négociations sont en cours avec le laboratoire IDT Biologika, mais un porte-parole a dit à l’AFP que si un partenariat avait été signé avec une société allemande, ce n’était pas avec IDT. « Aucun accord ferme de quelque forme que ce soit. Nous en sommes toujours au stade des discussions », a-t-il insisté.

Vaccin examiné par l’EMA

Spoutnik V n’est pas encore autorisé dans l’Union européenne, mais a franchi une étape avec le début de son examen par l’EMA, basée à Amsterdam. Après cette annonce, les autorités russes se sont dites prêtes à fournir des vaccins à 50 millions d’Européens à partir de juin.

En outre, M. Dmitriev a indiqué lundi que la Russie était aussi prête à « lancer l’approvisionnement des pays de l’UE qui autoriseront Spoutnik V indépendamment » de l’EMA, à l’instar de la Hongrie.

Initialement accueilli avec scepticisme à l’étranger, car annoncé comme une réussite dès l’été 2020 après des essais sur seulement quelques dizaines de personnes, le Spoutnik V a depuis convaincu une cinquantaine de pays. Sa fiabilité a été validée en février par la revue scientifique The Lancet.

Le développement du vaccin avait été confié à des institutions étatiques, et est célébré à Moscou comme un succès historique pour la Russie de Vladimir Poutine.  

Le choix du nom est d’ailleurs hautement symbolique. Hommage au premier satellite à avoir été mis en orbite, en 1957 par l’URSS, il rappelle une prouesse scientifique et un revers historique pour le rival américain.

La Russie accuse en outre régulièrement les Occidentaux d’avoir fait campagne contre le Spoutnik V, en insinuant que Moscou orchestrait une diplomatie du vaccin destinée à semer la discorde en Europe.

L’UE est confrontée à des difficultés d’approvisionnements en vaccins anti-COVID-19 développés par les groupes pharmaceutiques occidentaux.