(Paris) Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées mercredi à Paris pour le 62e anniversaire de l’insurrection des Tibétains contre le régime chinois, violemment réprimée par Pékin.

La foule, estimée à 1500 personnes par les organisateurs, brandissait des drapeaux tibétains, des pancartes appelant à « décoloniser le Tibet » ou affirmant « Le Tibet ne fait pas partie de la Chine ».

« C’est un jour très important pour nous, c’est le jour où tous les Tibétains se sont soulevés à Lhassa pour dénoncer l’oppression chinoise. Et aujourd’hui, c’est le 62e anniversaire, 62 ans de combat pacifique, 62 ans de résistance, 62 ans d’oppression chinoise. On est là debout pour montrer notre existence, notre résistance, notre histoire », a déclaré Yangkey Muccini, présidente de l’association étudiante pour un Tibet libre.

« C’est un sentiment de tristesse, mais c’est un sentiment de fierté aussi d’être là […]. Ce peuple est en train de mourir dans le silence au Tibet et nous, on est là justement pour briser ce silence, pour dire non, ça suffit […] et il faut que le monde se réveille, il faut que le gouvernement français se réveille », a-t-elle lancé des sanglots dans la voix.

« La Chine veut qu’on s’assimile et qu’on parle pas le tibétain là-bas au Tibet et qu’on apprenne le chinois. Mais nous, non, on refuse ! Le Tibet ne sera peut-être pas indépendant dès demain, mais notre résistance fait qu’on y croit, on a de l’espoir et on espère qu’un jour le Tibet sera libre », a-t-elle ajouté.

Les soldats de la République populaire de Chine fondée en 1949 ont envahi le Tibet en 1950, alors que le « toit du monde » était de facto indépendant depuis quatre décennies, à la suite de l’effondrement de l’empire chinois.

Dès 1956, une résistance armée avait débuté contre la domination chinoise, mais elle avait culminé le 10 mars 1959 lorsque le dalaï-lama s’était vu ordonner d’assister sans sa garde à un spectacle au quartier général chinois. Craignant qu’il ne soit enlevé, quelque 10 000 Tibétains s’étaient massés devant son palais pour empêcher sa sortie. La situation avait dégénéré, jusqu’à l’annonce fin mars par Pékin de l’échec de la rébellion. Entretemps, le dalaï-lama s’était échappé, le 17 mars, et avait gagné l’Inde.

Selon les Tibétains en exil, la répression du soulèvement fit des dizaines de milliers de morts.

Depuis 1988, le chef spirituel des Tibétains réclame une large « autonomie culturelle » pour le Tibet.