(Athènes) Dix policiers ont été blessés et 16 personnes arrêtées mardi soir lors de heurts en marge d’une manifestation contre de récentes « dérives policières » dans une banlieue réputée calme d’Athènes, a-t-on appris mercredi auprès de la police.

Trois des policiers blessés restent hospitalisés, selon un communiqué de la police.

L’un d’eux a été grièvement blessé à la tête mais « sa vie n’est pas en danger », a précisé à l’AFP un porte-parole de la police. Selon des images télévisées, des manifestants avaient fait tomber le policier de sa moto avant de le frapper.

Près de 5000 personnes ont manifesté mardi soir à Néa Smyrni, à 5 km d’Athènes, contre une intervention policière musclée dimanche dans ce quartier. Selon les images devenues virales, un jeune homme a été frappé à terre à coups de matraque télescopique en métal par un policier lors d’un contrôle des mesures de confinement, avant d’être hospitalisé puis arrêté.  

Le jeune homme, qui a dit avoir reçu des coups de pied de trois autres policiers, criait « J’ai mal », une phrase devenue un hashtag sur les réseaux sociaux.

Le principal policier incriminé, vu en train de frapper le jeune homme, a été suspendu, a-t-on appris de source policière.  

L’incident a provoqué un tollé dans le pays et la justice a ouvert une enquête.

Selon une photographe de l’AFP sur place, les échauffourées mardi soir ont débuté lorsqu’environ 200 personnes cagoulées se sont dirigées vers le commissariat de Néa Smyrni, sur lequel elles ont lancé des pierres et des cocktails Molotov.

Les forces antiémeute ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des canons à eau.

Seize personnes, arrêtées mardi soir, ont été placées en garde à vue mercredi pour divers délits et crimes, dont « lésions corporelles graves », « violence et insultes contre des agents des forces de l’ordre », « incendie criminel » et « violations des mesures contre la COVID-19 ».  

Un jeune de 22 ans, accusé d’avoir attaqué le policier blessé à la tête, est poursuivi pour « tentative de meurtre ».  

L’opposition de gauche, des journalistes et des avocats ont dénoncé ces derniers mois de nombreux incidents de « répression policière », sous prétexte, selon eux, de contrôler le respect du confinement.

Les manifestations étudiantes ou de groupes de gauche se sont multipliées à Athènes et dans d’autres villes grecques.  

Plus de 2000 étudiants selon un journaliste de l’AFP, un millier selon la police, ont manifesté à Athènes mercredi après-midi contre une loi instaurant une police des universités, une première en Grèce.

« La répression ne va pas passer », proclamait une banderole. Les manifestants scandaient des slogans contre le ministre de la Protection du citoyen, le qualifiant « d’ordure » et « de fasciste ».

La porte-parole du gouvernement conservateur, Aristotelia Peloni, a accusé mercredi le principal parti d’opposition de gauche Syriza « d’alimenter la tension » et de « faire preuve d’irresponsabilité en misant sur la fatigue psychologique d’une partie de la société pour cause de restrictions » anti-COVID-19.

La Grèce traverse son cinquième mois consécutif de confinement. La pandémie y a fait plus de 6800 morts, dont la grande majorité depuis début novembre.