(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson a démenti mercredi tout blocage des exportations de vaccins contre le coronavirus, après des accusations de l’UE en ce sens, lors d’un nouvel épisode de friction sur le sujet entre Londres et Bruxelles.

« Nous n’avons pas bloqué l’exportation du moindre vaccin contre la COVID-19 ou du moindre composant de vaccin », a déclaré le chef du gouvernement conservateur devant les députés.

« Cette pandémie nous a tous placés du même côté dans le combat pour la santé dans le monde. Nous nous opposons au nationalisme vaccinal sous toutes ses formes », a-t-il déclaré lors de la séance hebdomadaire de questions devant le Parlement.

Accusations européennes

Dans un texte publié en ligne, le président du Conseil européen Charles Michel avait dénoncé les « interdictions d’exportation » des États-Unis et du Royaume-Uni, s’attirant un démenti immédiat de la part de Londres.

Charles Michel a depuis fait machine arrière, en se disant, dans un tweet mardi soir, « heureux » que la réaction britannique conduise à « plus de transparence et une augmentation des exportations, vers l’UE et des pays tiers ».

Le Royaume-Uni a convoqué mercredi l’ambassadrice adjointe de l’UE à Londres, Nicola Mannion, et le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a écrit une lettre à Charles Michel pour protester. Il y affirme que « le gouvernement britannique n’a pas bloqué la moindre exportation de vaccin contre la COVID-19 ou de composants de vaccin », selon le ministère des Affaires étrangères.

Selon un responsable européen, « une réponse est en préparation » côté européen, soulignant que l’UE exporte 30 % de ses vaccins, tandis que les Britanniques « ne donnent aucun chiffre ».

Le Royaume-Uni ne compte que deux usines fabriquant le vaccin d’AstraZeneca, massivement mobilisé pour la campagne de vaccination dans ce pays, et le contrat signé par Londres avec le laboratoire, de l’aveu même de l’entreprise, lui impose de donner la priorité à la commande britannique.

Aux États-Unis, un « executive order » présidentiel empêche toute exportation de vaccins tant que le pays ne dispose pas d’une quantité suffisante pour vacciner sa population.

A l’inverse, l’UE « n’a jamais cessé d’exporter », avait insisté lundi Charles Michel, se disant « choqué » des accusations de « nationalisme vaccinal » contre le bloc européen, après l’instauration fin janvier d’un mécanisme de contrôle des exportations de vaccins produits sur son sol.

Selon un document interne consulté mercredi par l’AFP, 249 demandes d’exportations de vaccins anti-COVID-19 ont été approuvées par la Commission européenne depuis fin janvier, vers une trentaine d’États et régions.

Dans le cadre des ces autorisations, l’UE a ainsi exporté 34,1 millions de doses entre le 1er février et le 9 mars, dont 9,1 millions vers le Royaume-Uni – soit plus d’un tiers du total des doses administrées jusqu’à présent aux Britanniques. Les Européens ont également livré environ 3,9 millions de doses au Canada, 3,1 millions au Mexique, 2,7 millions au Japon et 954 000 doses aux États-Unis.

Les exportations réelles de l’UE dépassent cependant ces 34 millions de vaccins, puisque des États voisins des Vingt-Sept et de nombreux pays en développement ne sont pas concernés par le mécanisme de contrôle.

Avec plus de 125 000 morts et près de 23 millions de personnes ayant reçu une première dose, le Royaume-Uni est en Europe à la fois le pays le plus durement touché et celui qui vaccine le plus, tandis que l’UE, plus à la peine, cherche à accélérer la cadence.

Ce nouvel incident intervient un peu plus d’un mois après un faux pas diplomatique de la part de l’UE : Bruxelles a voulu utiliser une disposition d’urgence de l’accord de Brexit en Irlande du Nord après une querelle avec Londres au sujet de l’approvisionnement en vaccins britanniques contre la COVID-19. Face au tollé, l’UE avait rapidement fait machine arrière.