(Londres) Meghan Markle, l’épouse du prince Harry, a remporté jeudi son action en justice au Royaume-Uni contre la société éditrice du tabloïd Mail on Sunday, qu’elle poursuivait pour atteinte à la vie privée après la publication d’une lettre adressée à son père.

C’est une victoire majeure dans la bataille engagée par le couple princier contre une presse impitoyable à son égard. L’ex-actrice américaine et le fils de Diana, morte pourchassée par des paparazzis en 1997 à Paris, ont invoqué la pression médiatique comme la raison principale de leur mise en retrait de la famille royale, effective depuis avril 2020 et ont lancé des poursuites contre plusieurs publications.

Meghan Markle, 39 ans, reprochait à Associated Newspapers — qui édite le site Mail Online, le Daily Mail et sa version dominicale Mail on Sunday — d’avoir porté atteinte à sa vie privée en publiant de larges extraits d’une lettre manuscrite adressée en août 2018 à son père Thomas Markle, 76 ans, avec qui elle est en froid.

« La requérante pouvait raisonnablement s’attendre à ce que le contenu de la lettre demeure privé », a estimé le juge Mark Warby, de la Haute Cour de Londres.

Ce dernier avait été appelé en janvier par les avocats de Meghan Markle à se prononcer sans attendre un procès, qui aurait pu se révéler riche en révélations sur son couple avec le petit-fils d’Élisabeth II, installé en Californie depuis son éloignement de la monarchie britannique.

« Pour ces publications, c’est un jeu. Pour moi et tant d’autres, c’est la vraie vie, de vraies relations et une tristesse très réelle. Le tort qu’elles ont causé et qu’elles continuent de causer est profond », a réagi la duchesse de Sussex, dénonçant des « pratiques déshumanisantes ».  

« Vous ne pouvez pas prendre la vie privée de quelqu’un et l’exploiter […] comme le défendeur l’a fait de manière éhontée pendant deux ans », a-t-elle ajouté.

Le juge a également estimé que la publication de la lettre, en février 2019, enfreignait le droit d’auteur, mais qu’un procès était nécessaire pour en déterminer le titulaire, Associated Newspapers arguant que la duchesse de Sussex s’était fait aider par son équipe de communication pour l’écrire.  

Une audience pour déterminer les prochaines étapes de la procédure a été fixée au 2 mars.  

« Très grande victoire »

« C’est une très grande victoire pour la duchesse de Sussex » qui « pourra dire qu’elle avait raison, que la lettre était privée et n’aurait jamais dû être publiée », a commenté Mark Stephens, avocat spécialisé dans les médias, à l’AFP.  

La lettre a été écrite quelques mois après le mariage de Meghan avec Harry en mai 2018, auquel son père n’avait pas assisté en raison de problèmes de santé, après avoir posé pour des photos de paparazzi rémunérées. Elle y demande à Thomas Markle d’arrêter de s’épancher et de mentir dans les médias sur leur relation brisée.

La publication de larges extraits était « manifestement excessive et donc illégale », a estimé le juge Warby. « La majorité de ce qui a été publié concernait le comportement même de la requérante, ses sentiments d’angoisse concernant le comportement de son père […] et la rupture entre eux qui en a découlé », a-t-il argumenté. « Ce sont des choses intrinsèquement privées et personnelles ».

Dans une déclaration rendue publique lors d’audiences en janvier, tenues par visioconférence en raison du confinement au Royaume-Uni, le père de la duchesse de Sussex estimait que cette missive avait mis « fin » à leur relation.

La défense d’Associated Newspapers avait essayé de convaincre le juge qu’un procès était nécessaire pour faire toute la lumière sur cette affaire.

Selon la société éditrice, la lettre avait été envoyée après discussion avec des responsables de la communication du palais et relevait d’une « stratégie médiatique », ce que Meghan Markle a démenti.

Elle estimait aussi que les articles mis en cause étaient dans l’intérêt public et permettaient à Thomas Markle de rétablir les faits, après avoir été accusé d’insensibilité par des amis de sa fille dans le magazine américain People.