(Londres) Le premier ministre britannique Boris Johnson s’est rendu jeudi en Écosse pour une offensive de charme destinée à calmer les désirs croissants d’indépendance de cette nation, nourris par le mécontentement lié au Brexit et à la gestion de la pandémie.

À trois mois d’élections locales pour lesquelles les indépendantistes partent grands favoris, le dirigeant conservateur, fermement opposé à un nouveau référendum d’autodétermination, a été froidement accueilli.

Le parti indépendantiste SNP a raillé un « premier ministre en panique qui sait que les conservateurs sont en train de perdre le débat sur l’indépendance ».

Et la cheffe de la formation, la première ministre écossaise Nicola Sturgeon a jugé que son déplacement n’était « pas essentiel », en pleine pandémie.

Pour le porte-parole de Boris Johnson cependant, il est « fondamental » que le premier ministre « aille voir des entreprises, des communautés et des gens » malgré le confinement en vigueur.

Il a commencé son déplacement à Glasgow en visitant, vêtu d’une blouse de protection et de gants, un laboratoire de l’hôpital universitaire Queen Elizabeth où sont analysés des dépistages du coronavirus, puis un centre de vaccination.

Alors que le pays a subi une dramatique aggravation de la crise sanitaire en raison d’un variant du coronavirus, Boris Johnson veut faire passer le message que l’union fait la force contre le virus.

Avant sa visite, il a vanté les « grands avantages de la coopération » au sein du Royaume-Uni depuis le début de la pandémie. Il a rappelé la mobilisation de l’armée britannique pour aider à la campagne de vaccination et le soutien financier apporté par Londres à l’Écosse.

Sa visite coïncide avec l’annonce de la fabrication à grande échelle en Écosse du candidat-vaccin anti-COVID-19 de la biotech franco-autrichienne Valneva. Le gouvernement britannique a déjà réservé 60 millions de doses, qui devraient être disponibles d’ici la fin de l’année sous réserve qu’il soit approuvé.

« Plus fortes ensemble »

Les quatre nations constitutives du Royaume-Uni sont « plus fortes lorsque nous travaillons ensemble », a plaidé Michael Gove, ministre chargé de coordonner l’action du gouvernement.

Chaque nation (Angleterre, Pays de Galles, Écosse, Irlande du Nord) définit sa propre réponse à la crise sanitaire.  

Le Royaume-Uni, confronté à une nouvelle vague très virulente de la pandémie et qui a dépassé cette semaine le cap des 100 000 morts, s’est confiné pour la troisième fois, selon des calendriers différents dans chacune d’elles.

Nicola Sturgeon plaide depuis des mois pour la tenue d’un nouveau référendum d’autodétermination, qu’elle souhaite organiser après la pandémie s’il y a une majorité indépendantiste au Parlement écossais à la suite des élections locales de mai. Les sondages donnent son parti, le SNP, largement gagnant.

Elle invoque notamment le Brexit, survenu contre la volonté de 62 % d’Écossais, comme argument pour se détacher du Royaume-Uni. Elle espère que l’Écosse, une fois indépendante, puisse rejoindre à terme l’Union européenne.

La gestion de la pandémie a aussi contribué au mécontentement des électeurs. Selon un sondage Panelbase publié par le Sunday Times dimanche dernier, 61 % des Écossais estiment que Nicola Sturgeon a fait du « bon travail » face à cette crise, contre seulement 22 % d’évaluations positives pour Boris Johnson.

La décision d’organiser un nouveau référendum revient à Boris Johnson, qui refuse fermement, soulignant que les Écossais ont déjà voté à 55 % en 2014 pour rester au sein du Royaume-Uni.  Les sondages réalisés ces derniers mois donnent l’indépendance majoritaire.

Dimanche dernier, Nicola Sturgeon l’a accusé de « craindre le verdict du peuple écossais ».

L’ancien premier ministre travailliste Gordon Brown, lui-même né en Écosse, a appelé lundi à des réformes urgentes de la gouvernance du Royaume-Uni, faute de quoi le pays risque d’éclater : « Je crois que le choix est maintenant entre un État réformé et un État défaillant ».