(Cité du Vatican) Le pape François, 84 ans et désireux de se rendre en Irak en mars, mais aussi le pape émérite Benoît XVI, 93 ans et reclus dans son monastère au Vatican, ont été tous deux vaccinés contre la COVID-19.  

« Dans le cadre du programme de vaccination de l’État de la Cité du Vatican […] la première dose du vaccin contre la COVID-19 a été administrée au pape François et au pape émérite », a annoncé jeudi le porte-parole du Saint-Siège Matteo Bruni.

Le pape argentin a été vacciné mercredi, tandis que le pape émérite allemand - apparu de plus en plus fragile ces derniers mois, se déplaçant en chaise roulante et s’exprimant avec difficulté - a été à son tour vacciné jeudi matin, dans le cadre de la campagne qui a débuté mercredi pour les quelque 5000 employés du Vatican.  

Dans un entretien télévisé diffusé dimanche soir, François avait qualifié l’opposition au vaccin de « négationnisme suicidaire », mettant en exergue « un choix éthique » indispensable pour protéger la vie des autres. Il a donc concrètement donné l’exemple.  

En décembre, le Vatican avait aussi incité les catholiques à se faire vacciner, expliquant que tous les vaccins développés sont « moralement acceptables », y compris ceux produits à partir de cellules de fœtus avortés.

Les cellules souches de fœtus avortés dans les années 60, 70 et 80 – reproduites en laboratoire depuis des décennies sous forme de « lignées cellulaires » – ont été utilisées par de nombreux chercheurs pour concevoir des vaccins anti-COVID-19, par exemple au sein des groupes Astra Zeneca, Moderna et Pfizer. Dans plusieurs pays du monde, en particulier en Amérique latine, mais aussi en Australie ou au Royaume-Uni, les évêques avaient eu des débats sur le dilemme des vaccins « moralement éthiques ».

La vaccination de François sera un soulagement pour l’entourage d’un pape peu enclin à endosser un masque.

La vie « comme elle vient »

Son médecin personnel depuis cinq ans, Fabrizio Soccorsi, est décédé samedi à 78 ans « de complications dues à la COVID-19 » alors qu’il était « hospitalisé pour une pathologie cancéreuse ». Plusieurs cardinaux de l’entourage du pape ou des habitants de sa résidence ont contracté le virus ces derniers mois.  

Le chef des 1,3 milliard de catholiques est considéré à risque. A 21 ans, en 1957, Jorge Bergoglio avait souffert d’une pleurésie aiguë et les chirurgiens durent procéder à l’ablation partielle de son poumon droit.

François reste néanmoins préoccupé par les attroupements inévitables lorsqu’il se montre en public. Les rassemblements place Saint-Pierre sont d’ailleurs actuellement interdits.

Début décembre, il avait annoncé qu’il se rendrait en Irak du 5 au 8 mars, premier voyage à l’étranger depuis le début de la pandémie, dans un contexte sécuritaire et sanitaire compliqué.

« En conscience, je ne peux pas provoquer des rassemblements », a-t-il commenté dimanche, « je ne sais pas si le prochain voyage en Irak se fera ». Mais sur le  terrain en Irak, les préparatifs pour le voyage se poursuivent, selon une source vaticane.

Voici dix mois, lors de sa première prière dominicale de l’Angelus récitée depuis la bibliothèque du palais apostolique face à une caméra et non depuis sa fenêtre donnant place Saint-Pierre, le pape avait évoqué l’étrangeté de se retrouver « en cage ».

« Je suis en cage », a-t-il répété dimanche soir avec un sourire, mais « je me suis calmé, j’ai pris la vie comme elle venait ». Le souverain pontife a indiqué qu’il avait davantage prié, utilisé son téléphone et organisé des réunions pour résoudre des problèmes.

« La pandémie a aussi coloré la vie du pape et je suis content », a-t-il commenté. Fin mars, dans une séquence qui a marqué les esprits, le pape, seul sur le parvis désert de la basilique Saint-Pierre, avait présidé une prière face à « la tempête » de la pandémie, exhortant le monde « apeuré et perdu » à revoir ses priorités.

Ces derniers mois, le pape n’a eu de cesse d’appeler à la fraternité, qui passe aussi par la fourniture de vaccins aux pays pauvres.