(Paris) Confronté à la menace de variants plus contagieux de la COVID-19, le gouvernement français a décidé samedi d’avancer le couvre-feu dans huit nouveaux départements, mais des élus locaux grondent contre ce tour de vis supplémentaire dont ils contestent l’efficacité.

En déplacement à Tarbes, dans le sud-ouest de la France, le premier ministre Jean Castex a annoncé l’avancement du couvre-feu à 18 h à huit nouveaux départements, défendant des « mesures difficiles mais nécessaires » face à une « épidémie (qui) ne faiblit pas oui qui se renforce dans certaines zones du territoire ».

Les Bouches-du-Rhône, le département qui englobe Marseille, deuxième ville de France, rejoindront notamment la liste à partir de dimanche.

« Cette décision est en particulier justifiée par la détection d’un cluster familial élargi dans le département avec une souche du variant issu du Royaume-Uni », écrit le préfet Christophe Mirmand dans un communiqué.  

Au sein d’une famille française de cinq personnes, résidant au Royaume-Uni et venue à Marseille pour les fêtes, un cas du variant britannique a été identifié après un test effectué le 31 décembre, précise l’Agence régionale de santé (ARS) dans un communiqué.

Ensuite, 45 personnes contact ont été identifiées et 23 personnes ont été déclarées positives à la COVID-19. Des analyses complémentaires sont maintenant en cours « pour déterminer s’il s’agit de la variante de la COVID-19 issu du Royaume-Uni », ajoute l’ARS qui parle d’un « un cluster familial probable ».

Dans les Bouches-du-Rhône, la situation est « particulièrement préoccupante », avec un taux d’incidence supérieur à 225 pour 100 000 habitants, selon le préfet.

Les huit nouveaux départements où l’heure du couvre-feu est avancée rejoignent quinze autres, principalement dans l’est de la France, qui sont déjà soumis à cette mesure depuis une semaine. Le reste du territoire connaît un couvre-feu à 20 h.

De quoi provoquer la colère des élus locaux, comme le président des maires du Vaucluse (sud), Jean-François Lovisolo : « On est très réservé sur l’utilité d’une telle mesure sur le plan sanitaire dans les zones péri-urbaines et rurales du département. À 18 h, la population à risque est déjà chez elle et on va mettre en difficulté les commerçants, les restaurants qui font de la vente à emporter, les stations-service, les boulangeries », a-t-il déclaré à l’AFP.

Pour le gouvernement, la mise en place d’un couvre-feu, appliqué pour la première fois fin octobre, a permis de ralentir les contaminations. Elle n’a toutefois pas empêché un deuxième confinement, soulignent ses détracteurs.  

Le chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris, Eric Caumes, ne cache pas son scepticisme : « Je (ne) suis pas sûr que ce soit très efficace mais on verra bien. Personnellement, je n’y crois pas mais on verra », a-t-il déclaré samedi matin.

En attendant, une opération de dépistage massif était en cours samedi à Bagneux, en banlieue parisienne, où une personne a été déclarée positive au variant britannique.  

Avec le foyer découvert dans les Bouches-du-Rhône ce sont désormais 40 cas de contamination par ce variant qui sont avérés dans toute la France (ainsi que trois autres par un variant différent initialement repéré en Afrique du Sud), selon le ministère de la Santé.

Depuis mardi, le nombre de cas positifs tourne autour de 20 000 par jour et l’agence Santé publique France a relevé une « nette augmentation du nombre de cas confirmés » durant la dernière semaine de 2020 (96 743 cas, +17 %).