(Berlin) Longtemps citée en exemple pour sa gestion de la crise sanitaire, l’Allemagne peine à endiguer la seconde vague de l’épidémie de COVID-19 et s’apprête même, dans les régions les plus touchées, à durcir les restrictions.

Alors que d’autres pays européens ayant eux opté pour un confinement sévère comme la Grande-Bretagne ou la France comptent assouplir les mesures ou se préparent à le faire, le pays le plus peuplé du continent va à l’inverse durcir ses règles jusqu’ici globalement souples.  

Et Angela Merkel, louée encore il y a quelques mois pour l’efficacité de sa politique, a toutes les peines cette fois à faire tenir un cap cohérent et unifié face au virus dans le pays.

Elle pousse à ce qu’un accord sur de nouvelles mesures soit établi avant Noël. Parlant d’une situation « très difficile », elle a estimé lors d’une réunion avec son groupe parlementaire conservateur (CDU-CSU) qu’avec les mesures actuelles, le pays « ne passerait pas l’hiver ».

« En se basant seulement sur l’espoir, nous n’arriverons à rien », a-t-elle lâché, selon des propos de participants relatés à l’AFP.

Dans l’après-midi, face au chiffre des nouvelles infections qui stagne, le porte-parole du gouvernement Steffen Seibert avait averti que l’Allemagne était « loin du renversement de tendance espéré ».

Plusieurs responsables politiques plaident pour la tenue rapide d’une nouvelle réunion extraordinaire entre le gouvernement fédéral et les dirigeants régionaux afin d’harmoniser les règles sur tout le territoire.

Samedi, 23 318 nouvelles infections sur les dernières 24 heures ont été recensées par l’institut de veille sanitaire Robert Koch. Davantage qu’en France par exemple, qui elle a opté pour un confinement strict.

Selon l’Association interdisciplinaire pour les soins intensifs (DIVI), seuls 20 % des lits en réanimation sont encore disponibles en Allemagne, soit 5450 places. Le nombre de malades de la COVID-19 traités en unité de réanimation s’élevait lundi à 4179, contre quelque 220 début septembre.

Nouvelles restrictions

Les appels à la vigilance semblent être de moins en moins suivis, notamment dans les grandes villes.

« Il est évident et nécessaire que chaque État réfléchisse aux mesures qu’il pourrait prendre pour endiguer les nouvelles infections », a déclaré M. Seibert, qualifiant de « bon et juste » le resserrement décidé dimanche par la Bavière.

Le responsable de la plus grande région allemande a annoncé la mise en place à partir de mercredi de couvre-feux locaux et des fermetures partielles d’écoles. Les déplacements devront également se limiter au strict minimum, pour raison médicale par exemple.

« C’est la dernière étape » avant le confinement total, a averti lundi Markus Söder.

Le Land de Saxe, à l’est du pays, en tête des chiffres de nouvelles contaminations, s’apprête également à durcir la législation, tout comme la Hesse, la région de la capitale financière Francfort. Mais d’autres régions, moins touchées, réclament au contraire plus de souplesse. Et l’opinion apparaît tiraillée.

Résultat : le fédéralisme allemand, jugé bénéfique lors de la première vague pour contrer la pandémie, apparaît désormais comme un handicap.

Fêtes interdites ?

L’Allemagne a réussi jusqu’ici à éviter un confinement strict, optant pour une version moins drastique que ses voisins.  

Depuis novembre, bars, restaurants, installations sportives et lieux culturels sont fermés et les rassemblements publics comme privés ont été limités, alors qu’écoles et magasins ont jusqu’ici pu rester ouverts.

Ces restrictions resteront en vigueur jusqu’au 10 janvier avec quelques assouplissements en principe programmés, notamment pour les rassemblements entre Noël et le jour de l’An.

Sauf que ces derniers sont de plus en plus remis en cause, faute d’une amélioration de la situation sanitaire.

Alors que le gouvernement allemand et les 16 responsables régionaux avaient convenus de se retrouver le 4 janvier, une réunion d’urgence pourrait se tenir avant Noël.

Lors de celle-ci, « il sera nécessaire de dire que nos mesures actuelles ne sont pas suffisantes pour réellement briser la deuxième vague », a averti lundi le ministre de l’Économie Peter Altmaier.  

Favorable à la mise en place de règles communes partout en Allemagne, le chef de la chancellerie et bras droit d’Angela Merkel, Helge Braun, a lui plaidé dans Bild pour « qu’aucune fête ne soit organisée pour le Nouvel An ».