(Londres) Près de 11 millions d’habitants en Angleterre, soit un cinquième de la population, seront soumis aux restrictions locales les plus strictes contre le nouveau coronavirus, avec l’annonce vendredi d’un durcissement dans plusieurs régions dans les jours à venir.  

Confiné d’un bloc le 23 mars lors de la première vague, le pays le plus endeuillé en Europe par la pandémie (plus de 46 000 morts) réagit à la résurgence de contaminations de manière localisée, le premier ministre Boris Johnson évitant jusqu’à présent un reconfinement national.

Cependant, selon l’édition du Times datée de samedi, le dirigeant conservateur va annoncer lors d’une conférence de presse lundi un reconfinement à partir de mercredi et jusqu’au 1er décembre. Les commerces non essentiels fermeront, mais les crèches, les écoles et les universités resteront ouvertes, selon le quotidien.

Plus de la moitié de la population en Angleterre subit actuellement des restrictions et un cinquième est concerné par les plus contraignantes.

La région de Nottingham est ainsi passée vendredi matin au niveau d’alerte sanitaire maximale, sur les trois existants. Ses plus de 800 000 habitants ne peuvent désormais plus se rencontrer entre différents foyers, sauf très rares exceptions, et les bars et pubs qui ne servent pas à manger ont fermé.

La région du Yorkshire de l’Ouest va subir le même sort dans la nuit de dimanche à lundi.

Scénario du pire dépassé

Le nombre d’infections et d’hospitalisations en Angleterre a dépassé le pire scénario envisagé, ont écrit les scientifiques du groupe Sage, qui conseille le gouvernement, dans une note écrite le 14 octobre et publiée vendredi.  

Le nombre de nouvelles infections chaque jour en Angleterre était estimé entre 43 000 et 74 000, indique cette note. « Cela dépasse nettement le pire scénario raisonnable envisagé, dans lequel le nombre d’infections quotidiennes en Angleterre se situait entre 12 000 et 13 000 tout au long du mois d’octobre », ont relevé les scientifiques selon lesquels il était « hautement probable » que le nombre de morts dépasse le pire scénario envisagé les deux semaines suivantes.

Le 12 octobre, le premier ministre Boris Johnson a annoncé la mise en place d’un système avec trois niveaux d’alerte déterminant les mesures à appliquer dans les régions anglaises selon la propagation du nouveau coronavirus.

Une porte-parole du gouvernement a indiqué que celui-ci « continue de se préparer à un large éventail de scénarios, dont le scénario du pire, et cela est constamment réévalué ».  

« Notre approche est basée sur les différents niveaux de prévalence du virus à travers le Royaume-Uni, mais nous n’hésiterons pas à mettre en place des mesures supplémentaires si nécessaire », a-t-elle ajouté, au moment où la pression monte sur le gouvernement pour instaurer des restrictions plus strictes au niveau national.

Chaque province britannique décide pour l’instant de sa propre stratégie contre la pandémie. Les plus de trois millions d’habitants du Pays de Galles sont depuis une semaine les premiers Britanniques à être retournés en confinement, au moins jusqu’au 9 novembre.  

Mi-octobre, l’Irlande du Nord a fermé pour un mois pubs et restaurants et décidé de prolonger les vacances scolaires. L’Écosse a adopté la semaine dernière un système d’alerte semblable à celui de l’Angleterre, mais à 5 niveaux.

Dans son dernier rapport publié vendredi, l’Office national des statistiques (ONS) a révélé qu’à elle seule, l’Angleterre avait connu la semaine dernière près de 52 000 nouveaux cas de COVID-19 par jour, soit une augmentation de 47 % par rapport à la semaine précédente.

Selon une étude scientifique internationale réalisée par des chercheurs de plusieurs universités et laboratoires et révélée jeudi par le Financial Times, une nouvelle variante du virus née cet été chez des agriculteurs espagnols s’est rapidement répandue en Europe et constitue désormais la majorité des nouveaux cas de COVID-19 dans plusieurs pays.  

Au Royaume-Uni, où l’Espagne constitue une destination privilégiée pour les touristes britanniques, cette version mutée du virus concernerait désormais plus de 80 % des cas de contamination.