(Bobigny) L’imam de la mosquée de Pantin, Ibrahim Doucouré, accusé par les autorités d’être « impliqué dans la mouvance islamiste », a décidé dimanche de se « mettre en retrait », quelques heures avant l’examen lundi par la justice du recours formé contre la fermeture du lieu de culte ordonnée par le ministre de l’Intérieur.

« Soucieux de l’intérêt des fidèles et de la pérennité de la mosquée, j’ai décidé, ce jour, de me mettre en retrait de mes activités », a écrit dimanche soir sur Facebook Ibrahim Doucouré.

Dans son message, l’imam a réfuté les « griefs articulés dans l’arrêté préfectoral », mais a souhaité « favoriser l’apaisement ».  

Sa décision a été confirmée à l’AFP par le responsable de la mosquée et de la Fédération musulmane de Pantin, M’hammed Henniche.  

Le lieu de culte fréquenté par environ 1300 fidèles est fermé depuis mercredi soir pour « une durée de six mois », selon un arrêté délivré par le préfet de la Seine–Saint-Denis.

Lundi après-midi, le tribunal administratif de Montreuil (Seine–Saint-Denis) doit étudier le recours déposé par la Fédération musulmane de Pantin, opposée à cette fermeture.

Les autorités reprochent à cette mosquée d’avoir partagé sur sa page Facebook, le 9 octobre, une vidéo montrant le père d’une élève de 4e du collège du Bois-d’Aulne à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) indigné par un cours sur la liberté d’expression dispensé les 5 et 6 octobre par Samuel Paty.

Le 16 octobre, le professeur d’histoire-géographie a été décapité par un réfugié d’origine russe tchétchène de 18 ans.

Cette décision de fermeture s’appuie aussi sur les « liens avec le salafisme » qu’entretient la mosquée, sa fréquentation par « des personnes impliquées dans la mouvance djihadiste » et la personnalité trouble d’un imam, Ibrahim Doucouré, selon l’arrêté.  

« Impliqué dans la mouvance islamiste radicale d’Île-de-France », formé pendant deux ans dans un « institut fondamentaliste » au Yémen, rapporte l’ordre de fermeture, cet imam a également scolarisé trois de ses enfants dans une école clandestine, à Bobigny.

Selon le recours consulté par l’AFP, « les anciennes et passées fréquentations estudiantines de l’imam Ibrahim Doucouré ne sauraient justifier la fermeture » de la mosquée.  

Par ailleurs, « la mosquée, et donc Ibrahim Doucouré qui est l’un des imams de cette dernière, organise régulièrement des conférences et des débats sur l’islam, mais également des débats sociétaux autour des grandes questions républicaines », estime la requête en référé-liberté.