(Barcelone) À Madrid comme à Barcelone, le couvre-feu nocturne décrété dimanche en Espagne suscite compréhension et fatigue dans un pays où les restrictions se multiplient pour tenter de contenir la deuxième vague de la pandémie de COVID-19.

Confronté à une explosion des cas de coronavirus, le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a annoncé l’instauration immédiate d’un état d’urgence sanitaire et d’un couvre-feu de 23 h à 6 h dans tout le pays, à l’exception des îles Canaries.

Dans les rues de Barcelone (Nord-Ouest), le peu de gens qui circulent donne l’impression que le couvre-feu est déjà en vigueur, avec une majorité des commerces fermés le dimanche, tandis que les bars et les restaurants ont déjà tous fermé depuis plus d’une semaine après un décret du gouvernement régional de Catalogne.

Marchant sur une grande artère de la deuxième ville d’Espagne, José Benítez n’est ni surpris ni critique face au nouveau couvre-feu.  

« À cette heure je suis toujours à la maison », explique ce retraité de 76 ans, masque bleu sur le nez et manteau beige sur le dos.

Mais le virus, « ça commence à me préoccuper, parce que si je l’attrape, à mon âge je ne m’en remets pas », s’inquiète-t-il.  

« Anxiété » et « angoisse »

Non loin de l’imposante basilique de la Sagrada Familia, un jeune couple se dit épuisé par l’accumulation des restrictions de mouvements et les limitations des réunions.

« Je pense que l’aspect social des êtres humains n’est pas pris en compte. Tout ce qui a trait aux loisirs est restreint, mais nous pouvons alors aller travailler dans des rames de métro bondées », critique Julia Valera, biologiste de 25 ans.

Durant le confinement à domicile décrété de mi-mars à juin en Espagne, l’un des plus stricts au monde, Julia a été séparée de son concubin, Albert Carles.

« Ça a été très dur, j’ai eu des moments de grande anxiété et d’angoisse. J’ai aussi commencé à suivre un traitement pour cela », assure Albert, ingénieur industriel de 26 ans.

Inquiétudes pour l’économie et Noël

À Madrid et dans huit communes alentours, les habitants sortent de deux semaines d’un bouclage partiel levé samedi et qui leur a interdit de sortir ou d’entrer dans leur municipalité sauf pour des raisons précises comme aller travailler ou se soigner. La mesure a été restreinte samedi à quelques districts de la région.

Des cordons sanitaires en vigueur dans plusieurs autres régions espagnoles qui, dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété dimanche, pourront notamment élargir localement l’horaire minimal du couvre-feu prévu de 23 h à 6 h au niveau national.

« Je peux comprendre, mais ça dépend de la dureté des mesures, ça peut être trop, surtout au niveau économique », pointe Adán Skaly, entrepreneur de 23 ans dans les rues de la capitale espagnole.

L’Espagne devenue mercredi le premier pays de l’UE – et le sixième au monde – à dépasser le million de cas de COVID-19, tandis que le pays reste endeuillé par près de 35 000 morts de la maladie.

« Pour moi, ça devrait être un couvre-feu dès 9 h du soir », comme c’est déjà le cas en France, estime Carolina Beltrán en marchant dans le centre de Madrid, lui aussi plus vide que d’habitude.  

Pour cette réceptionniste de 36 ans, « plus tôt on impose les restrictions pour l’arrêter, mieux c’est, pour que nous arrivions à Noël un peu plus tranquilles ».