(Paris) L’Europe, confrontée à une puissante deuxième vague, a dépassé dimanche les 250 000 morts de la COVID-19, pendant qu’Israël et la ville australienne de Melbourne amorçaient un déconfinement progressif après plusieurs semaines de restrictions draconiennes.

Avec plus de 8000 morts recensés en sept jours, l’Europe connaît son plus lourd bilan sur une semaine depuis la mi-mai et de nombreux pays tentent de se protéger en multipliant les mesures sanitaires.

Dernier pays européen à annoncer des mesures dimanche, la Suisse, relativement épargnée par la première vague du printemps mais confrontée à une hausse « exponentielle » de cas, rend obligatoire dès lundi le port du masque dans les lieux publics fermés, gares, aéroports, arrêts de bus et de tram, restreint les rassemblements et recommande le télétravail.

Déplorant 1822 morts de la COVID-19 pour 8,6 millions d’habitants, la Suisse est le pays d’Europe où la maladie a progressé le plus vite la semaine passée (+146 %), selon un décompte de l’AFP.

PHOTO PASCAL ROSSIGNOL, REUTERS

Les personnes sortant pendant le couvre-feu devront présenter des attestations de déplacements si elles sont interceptées.

100 jours de confinement

En Israël, après un mois de restrictions, crèches, écoles maternelles, parcs nationaux, plages et entreprises n’accueillant pas de public ont rouvert, et les Israéliens peuvent désormais se déplacer à plus d’un kilomètre de leur domicile. Les rassemblements restent toutefois limités.

Au printemps, Israël avait rapidement levé un premier confinement, voulant relancer l’économie. Mais le pays de neuf millions d’habitants avait enregistré en septembre l’un des plus forts taux de contamination au monde, depuis divisé par quatre, selon des données de l’AFP.

Au total, les autorités y ont recensé plus de 302 800 malades, dont près de 2200 décès.

En Australie, les cinq millions d’habitants de Melbourne, deuxième ville du pays confinée depuis plus de 100 jours, peuvent depuis dimanche sortir plus de deux heures par jour de leur domicile et s’en éloigner de 25 km au maximum, pour faire du sport, acheter des produits de première nécessité et exercer les professions jugées essentielles.  

Daniel Andrews, premier ministre de l’État de Victoria où se trouve Melbourne, a cependant rejeté une levée des autres restrictions, évoquant un nouvel assouplissement le 1er novembre si l’épidémie restait sous contrôle.

Depuis le début de la pandémie, l’Australie (25 millions d’habitants) a dénombré quelque 27 000 cas et 904 décès, dont 800 dans l’État de Victoria.

Ces quelques améliorations locales ne renversent pas la tendance mondiale : les indicateurs sont au rouge. Au moins 1 111 152 décès et plus de 39,7 millions de contaminations ont été recensés depuis le début de la pandémie, selon un comptage de l’AFP dimanche. Samedi, au moins 5302 décès et 372 882 nouveaux cas ont été enregistrés.

Les États-Unis sont le pays le plus endeuillé (au moins 219 289 morts, soit près d’un sur cinq dans le monde), suivis par le Brésil (153 675 morts) et l’Inde (114 031 morts).

Restrictions en Europe

En Europe, un total de 250 030 décès de la COVID-19 ont été déclarés (pour 7 366 028 cas), selon un bilan de l’AFP dimanche, dont plus des deux tiers au Royaume-Uni (43 646 morts, 722 409 infections), en Italie (36 543, 414 241), en Espagne (33 775, 936 560), en France (33 392, 867 197) et en Russie (24 187, 1 399 334).  

A travers le continent, les restrictions se multiplient. La France, qui a recensé samedi un record de plus de 32 000 nouveaux cas, a instauré un couvre-feu de 21 h à 6 h pour au moins un mois dans une dizaine de grandes villes, dont Paris et sa banlieue. Au total, 20 millions de personnes sont concernées, presque un tiers de la population du pays, qui a un des pires bilans d’Europe (plus de 33 300 morts et 834 770 cas).

Le Royaume-Uni, pays le plus endeuillé d’Europe (au moins 43 579 morts) a également serré la vis samedi : à Londres et dans plusieurs autres zones, soit 11 millions de personnes, les réunions en intérieur entre parents et amis de foyers différents sont interdites.  

PHOTO REUTERS

La chancelière allemande Angela Merkel

Quant au Lancashire (nord-ouest) et à Liverpool, ils sont en alerte sanitaire maximale, ce qui implique l’interdiction des rencontres entre différents foyers en intérieur comme en extérieur, et la fermeture des pubs ne servant pas de repas.

En Allemagne, qui bat aussi ses records quotidiens de nouveaux cas, la chancelière Angela Merkel a solennellement demandé samedi à ses concitoyens de réduire au maximum leurs relations sociales et de rester chez eux.

La Slovaquie a annoncé une campagne de dépistage de tous les plus de 10 ans, tandis que la Slovénie a renoncé au traçage des contacts de malades, faute d’effectifs suffisants.

Se laver les mains !

En Pologne, Varsovie et d’autres grandes villes ont fermé collèges et lycées, interdit les cérémonies de mariage, restreint le nombre de personnes admises dans les commerces, transports et lieux de culte, et les restaurants doivent fermer à 21 h.

En République tchèque, qui a le plus fort taux de contaminations et de décès pour 100 000 habitants du continent, le gouvernement a demandé à l’armée de construire un hôpital de campagne de 500 lits à l’extérieur de Prague.

PHOTO FILIPPO MONTEFORTE, AFP

L’Italie a signalé vendredi 10 010 nouveaux cas de COVID-19.

L’Italie, déjà durement touchée au printemps, a signalé vendredi 10 010 nouveaux cas, son record quotidien absolu. Depuis samedi, bars et restaurants doivent fermer à minuit en Lombardie (nord), région la plus touchée.

Le gouvernement italien a décidé dimanche de mobiliser 39 milliards d’euros supplémentaires pour soutenir son économie, la troisième de la zone euro.

Pour lutter contre la pandémie, le lavage fréquent des mains, recommandé par l’OMS depuis le début, est essentiel, confirme une étude japonaise, selon laquelle le coronavirus survit 9 heures sur la peau, cinq fois plus longtemps que la grippe.