(Athènes) Les États-Unis ont appelé lundi la Grèce et la Turquie à trouver de « bonnes solutions » pour Athènes et Ankara, qui ont décidé de reprendre des pourparlers après des semaines de tensions en Méditerranée orientale.  

« Nous espérons que les pourparlers exploratoires seront non seulement lancés mais qu’ils permettront d’aboutir à des résultats que chacun des deux pays jugera plus qu’acceptables », a déclaré lundi le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, à l’occasion d’une tournée de deux jours en Grèce.

« Il ne s’agit pas juste de parler mais d’aboutir à de bonnes solutions », a-t-il ajouté, dans un entretien avec l’agence de presse grecque ANA.  

Mike Pompeo a entamé lundi à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, des discussions visant à favoriser une « désescalade » des tensions en Méditerranée orientale, où les deux pays voisins et membres de l’OTAN se disputent des zones riches en hydrocarbures.  

Ces rivalités doivent être résolues « pacifiquement en accord avec le droit international », ont déclaré M. Pompeo et son homologue grec Nikos Dendias, à l’issue d’une rencontre à Thessalonique.

Les États-Unis se félicitent que la Grèce se montre « prête à s’engager avec d’autres pays de la région pour parvenir à des accords de délimitation maritime », selon le même communiqué commun.

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a appelé vendredi à l’ONU le président turc Recep Tayyip Erdogan à « donner une chance » à la diplomatie au moment où les deux pays semblent avoir choisi l’apaisement et la reprise du dialogue.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRÉSIDENCE VIA AP

Le président turc Recep Tayyip Erdogan

Coopération renforcée

Mike Pompeo doit se rendre mardi en Crète pour s’entretenir avec Kyriakos Mitsotakis et visiter la base navale de l’OTAN dans la baie de Souda.

Le premier ministre grec, qui accueille le secrétaire d’État dans sa demeure familiale, cherche à établir une coopération militaire plus poussée avec les États-Unis.

M. Pompeo a signé en octobre dernier à Athènes un accord de défense permettant aux forces américaines une plus large utilisation des installations militaires grecques.

Cet accord confère notamment un statut prioritaire aux États-Unis dans l’utilisation du port d’Alexandroupolis (Nord), une porte d’entrée vers les Balkans et la mer Noire à valeur stratégique pour la marine américaine et l’OTAN.

Les États-Unis ont obtenu un statut prioritaire pour le port après avoir payé environ 2,3 millions de dollars pour enlever une barge de dragage coulée qui bloquait une partie du port depuis 2010.

M. Pompeo a parlé d’« importance géostratégique réelle » du nord de la Grèce, dans son interview à l’ANA. Mais aussi en matière de diversification énergétique : « La politique du président Trump est d’augmenter la capacité de toute l’Europe en sources énergétiques diversifiées, pour ne pas être dépendante de la Russie », a-t-il déclaré.  

Lundi, les deux parties ont exprimé leur volonté de « renforcer davantage leur partenariat dans le domaine de la sécurité et de la défense stratégique » lors de discussions qui se tiendront l’an prochain à Washington.  

La visite à Thessalonique se veut aussi un signe adressé aux Balkans sur la volonté américaine d’investissement dans la région. M. Pompeo a appelé la Grèce à être « un partenaire pivot pour les États-Unis et l’Europe » dans les Balkans.

À Thessalonique, il a signé un accord bilatéral dans le domaine des sciences et de l’énergie, et participé à une réunion de chefs d’entreprises du secteur de l’énergie, avant de se rendre en Crète.

Le secrétaire d’État américain sera mercredi et jeudi à Rome pour rencontrer les autorités italiennes, et évoquer notamment les efforts de l’administration de Donald Trump pour dissuader ses alliés européens d’accepter l’équipementier chinois Huawei dans le développement de leurs réseaux de téléphonie mobile ultrarapide 5G.

Dans un climat de conflit commercial sino-américain qui vire à une nouvelle guerre froide, le président américain brandit la menace sécuritaire en accusant le groupe chinois d’être un outil de l’espionnage de Pékin.

Lundi soir, devant l’ambassade américaine, près de 250 personnes, selon la police, s’étaient rassemblées pour protester contre la venue du chef de la diplomatie américaine.

Un drapeau américain a été brûlé tandis que les manifestants scandaient « Pompeo, Go home ! ».