(Paris) Plusieurs proches de victimes de l’attaque djihadiste contre l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo ont appelé vendredi à ne « pas avoir peur » face à la menace terroriste, jugeant nécessaire au procès des attentats de janvier 2015  de « se battre pour la liberté ».

« Si on a peur, ils ont gagné », a martelé devant la cour d’assises spéciale de Paris Chloé Verlhac, veuve du dessinateur Tignous, tué par les frères Chérif et Saïd Kouachi lors de l’attaque du 7 janvier 2015 contre l’hebdomadaire satirique.

« Alors on n’a pas peur : on est là, on va continuer à imposer notre humanisme, car nous sommes des gens profondément humanistes, libres », a-t-elle poursuivi, estimant « devoir ça » aux victimes de l’attentat, « pour dire qu’ils ne sont pas morts pour rien ».

Pour la veuve de Tignous, qui a rendu un hommage poignant à son compagnon décédé, « on a banalisé le mal ».

« La violence engendre de la violence. Comment fait-on maintenant pour que ce cercle s’arrête ? J’ai besoin, moi, ici, devant cette cour, d’entendre les mots de laïcité, de fraternité », a insisté Chloé Verlhac.

« Les gens de Charlie, je suis avec eux dans leur combat », avait assuré auparavant le fils de l’économiste et écrivain Bernard Maris, tué dans l’attaque qui publiait dans les colonnes de Charlie Hebdo sous le surnom d’« Oncle Bernard ».

« De mon côté, je continuerai à me battre à ma manière, c’est-à-dire en souriant, en continuant à me lever pour rire. Il ne faut pas avoir peur, il faut continuer à vivre, à rigoler, pour vivre libre », a insisté le jeune homme.

Figure respectée dans le champ économique, Bernard Maris fait partie des dix personnes tuées par les frères Kouachi dans l’attentat contre Charlie. Sa mort, à l’âge de 68 ans, avait suscité de nombreuses réactions dans le monde universitaire et médiatique en France.

« C’était quelqu’un de très distrait, qui était dans la lune », a raconté devant la cour son fils, en racontant son amour et sa « fascination » pour son père. Un portrait complété à la barre par la fille de l’économiste.

« Mon père était un être profondément vivant, généreux, protecteur», a-t-elle déclaré.

 « On ne peut pas perdre quelqu’un comme ça, on ne peut pas perdre son père dans ces conditions-là », a lancé la jeune femme, avant de confier, la voix brisée par l’émotion, la détresse qui est la sienne lorsqu’elle repense à l’attentat. « Je pense qu’il a eu peur, ça fait tellement mal d’imaginer cette terreur […] », a-t-elle notamment confié.

Quatorze personnes au total sont jugées devant la cour d’assises spéciale, accusées de soutien logistique aux frères Kouachi mais aussi et surtout à Amédy Coulibaly, auteur de l’attaque contre une policière de Montrouge (région parisienne) et contre l’Hyper Cacher de Vincennes (région parisienne).

Trois d’entre eux, dont Hayat Boumeddiene, compagne en fuite d’Amédy Coulibaly, sont jugés par défaut.