(Rome) L’Italie a annoncé vendredi près d’un millier de nouveaux morts du coronavirus en 24 heures, un bilan record qu’aucun pays au monde n’avait atteint jusqu’à présent.

Le nombre total de décès s’élève désormais à 9134, un total en hausse de 969. Même sans prendre en compte 50 morts du Piémont (Nord-Ouest) qui n’avaient pas pu être comptabilisés jeudi, ce bilan est le plus effroyable depuis le début de la pandémie. Le précédent record du nombre de morts sur une journée avait déjà été enregistré en Italie, le 21 mars (793).

La contagion continue toutefois de ralentir, avec une hausse de 7,4 % du total des cas positifs (86 498), le plus faible taux depuis l’entrée du coronavirus en Italie.  

La région la plus touchée reste la Lombardie avec plus de la moitié des décès dans le pays (5402 morts), suivie par l’Émilie-Romagne (1267).

« C’est une pandémie sans précédent, frappant les pays les plus forts au monde qui adoptent progressivement les mesures que l’Italie a déployées depuis un certain temps », a déclaré Domenico Arcuri, le commissaire du gouvernement chargé de la crise du coronavirus.

Dans la matinée, l’Institut supérieur de la santé (ISS) avait prévenu que le pic de la pandémie n’était toujours pas atteint dans la péninsule et qu’il pourrait l’être dans les prochains jours.

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Un bénévole distribue des masques pour se protéger de la COVID-19 dans les boîtes aux lettres des résidants de Castiglione della Pescaia, en Toscane.

«Prolonger les mesures»

« Je veux être clair sur un point. Nous n’avons pas atteint le pic, nous ne l’avons pas dépassé. Nous avons des signaux de ralentissement [du nombre de cas, NDLR] ce qui nous fait croire que nous en sommes proches, nous pourrions arriver au pic ces jours-ci », a déclaré devant la presse Silvio Brusaferro, le patron de l’ISS.

Relevant que « les mesures adoptées », comme le confinement des Italiens ou l’arrêt des activités dans tous les domaines non essentiels, « produisent leur effet », M. Brusaferro a souligné que « la croissance » du nombre de nouveaux cas « est en train de ralentir, mais ça ne baisse pas ».

Fabrizio Pregliasco, un virologue, a estimé vendredi sur Radio Capitale qu’il n’y aura pas « un pic unique, parce que le pic italien est la somme des pics des provinces et des communes ».

Ainsi, Vincenzo De Luca, gouverneur de la Campanie, la région de Naples, a estimé vendredi que « nous devons nous préparer à gérer le pic qui arrivera à la fin de la première semaine d’avril » dans sa région.

Selon les services sanitaires locaux, « on devrait arriver vers le 3 ou le 5 avril à une situation stable avec une augmentation du nombre de cas de 80 à 100 par jour mais pas plus. Si nous arrivons à ce chiffre stabilisé, une semaine plus tard débutera la courbe descendante » du nombre d’infections, a-t-il ajouté.

Mais le ralentissement du taux de croissance des malades est largement insuffisant pour envisager un relâchement des mesures de lutte contre l’épidémie.

« Si nous devions décider sur la base des données disponibles aujourd’hui, je pense qu’il serait inévitable de prolonger les mesures » de confinement et d’interdiction des activités non essentielles, a déclaré dans la matinée Franco Locatelli, président du Conseil supérieur de la santé, un organe consultatif du gouvernement.

« On me demande quand les écoles rouvriront… Eh bien, peut-être qu’elles ne rouvriront plus et que l’année scolaire se terminera comme ça », a déclaré le gouverneur de la Vénétie, Luca Zaia.