(Madrid) Deuxième pays le plus touché en Europe, l’Espagne a demandé mardi l’aide humanitaire de l’OTAN alors qu’elle enregistrait un nouveau record de 514 morts de la COVID-19 en 24 heures, portant le bilan total à 2696.

Selon ces chiffres publiés par le ministère de la Santé, le nombre total de cas confirmés a, lui, progressé de 20 % de lundi à mardi et s’approche des 40 000 avec 39 673, alors que les autorités multiplient les tests.

« Nous sommes dans la semaine difficile », durant laquelle « nous attendons » de voir si, grâce au strict confinement de la population, « nous allons réussir à atteindre le pic (de l’épidémie) et commencer à voir baisser le nombre de cas », a expliqué le directeur du Centre d’alertes sanitaires Fernando Simon lors de son point presse quotidien.

Dans l’ensemble du pays, le nombre de malades en soins intensifs s’élève à 2636 alors que le nombre de personnes guéries est de 3794.

« Heureusement, nous avons chaque jour plus de personnes guéries que de morts au total », a souligné le Dr Simon.

Ce nouveau bilan est publié alors que le gouvernement du socialiste Pedro Sanchez a décidé mardi de prolonger jusqu’au 11 avril le confinement des Espagnols, décrété le 14 mars. Le parlement devra approuver cette prorogation mercredi.

Les Espagnols ne sont autorisés à sortir de chez eux, individuellement et en gardant leurs distances, que pour acheter des produits de première nécessité, se rendre au travail quand le télétravail n’est pas possible ou encore sortir brièvement leur chien.

« Économie de guerre »

Les autorités ont toutefois exclu jusqu’ici de prendre des mesures plus draconiennes, insistant sur la nécessité de continuer à produire pour lutter contre la pandémie.

« Nous sommes en train de parler d’une industrie de guerre, d’une économie de guerre et elle est indispensable », a déclaré la ministre de l’Industrie Reyes Maroto.  

La pression sur le système de santé, décimé par la contamination de 5400 professionnels, va continuer à s’aggraver tant que de nouveaux patients devront être hospitalisés, a toutefois prévenu Fernando Simon.

Selon lui, les cas d’infection du personnel soignant sont dus en partie au manque d’équipements de protection notamment à Madrid, mais il a souligné la difficulté à se procurer ce matériel au niveau mondial.

Face à ce manque d’équipement, l’OTAN a relayé mardi un appel à une « aide internationale » à l’Alliance « afin de prévenir la propagation du virus au sein des unités militaires […] et dans la population civile ».  

L’armée espagnole a notamment demandé 500 000 tests rapides de la COVID-19, 1,5 million de masques chirurgicaux et 450 000 masques de protection de type FFP2 et FFP3.

Confinement au-delà de Pâques

La région de Madrid est de loin la plus touchée avec 1535 morts, soit 57 % du total et 12 352 cas (31 % du total).

« Il me semble que nous continuerons avec ces mesures au-delà de la semaine sainte » qui précède Pâques, le dimanche 12 avril, a estimé mardi le chef de l’autorité sanitaire de la région de Madrid, le Dr Enrique Ruiz Escudero, dans un entretien à la télévision publique.

Face à la saturation de ses services funéraires, la capitale espagnole a aménagé en morgue la piste de patinage d’un centre commercial.  

« Nous n’avons pas la capacité logistique pour procéder aux enterrements et aux incinérations étant donné le rythme auquel se produisent les décès », a reconnu le maire de Madrid José Luis Martinez-Almeida à la télévision publique.

Les immenses halls d’exposition de la foire de Madrid ont été transformés par ailleurs en un hôpital de campagne de 1500 lits qui pourrait à terme en accueillir jusqu’à 5500.

L’armée continue de son côté de désinfecter des maisons de retraite, des établissements à la population très vulnérable où des dizaines de décès ont été enregistrés.

Les militaires ont retrouvé des cadavres dans « certaines résidences », a confirmé sans donner plus de détails le chef d’état-major de la Défense Miguel Angel Villarroya. Le parquet espagnol mène une enquête.

Déjà mobilisée pour veiller au respect des mesures de confinement, la police a dû rattraper trois malades « irresponsables » qui ont quitté l’hôpital sans autorisation et présentaient un risque de contamination, a déploré le ministre de l’Intérieur Fernando Grande Marlaska.

À cause de la pandémie, les organisateurs de la Gay Pride de Madrid, prévue initialement le 4 juillet, ont reporté sine die cette marche, une des plus importantes au monde avec chaque année des centaines de milliers de participants.

Elle aura lieu « quand les conditions sanitaires et de sécurité le permettront », a indiqué le comité d’organisation dans un communiqué.