(Londres) Le Royaume-Uni va installer 4000 lits d’hôpital dans un centre de conférences à Londres pour faire face à l’afflux de plus en plus massif de malades atteints par le nouveau coronavirus, a annoncé le gouvernement mardi au premier jour du confinement strict imposé dans le pays.

« Nous allons ouvrir la semaine prochaine un nouvel hôpital, temporaire […] au ExCeL Centre à Londres », a déclaré à la presse le ministre de la Santé Matt Hancock.

Ouvert avec l’aide de l’armée, « il comprendra deux services hospitaliers d’une capacité de 2000 personnes chacun », a-t-il précisé.

Le Royaume-Uni déplore désormais 422 morts pour 8077 cas officiellement testés positifs, selon les autorités sanitaires. La tendance s’accélère ces derniers jours, menaçant de submerger les services hospitaliers avec le risque d’un scénario à l’italienne.

Pour épauler le service public de santé, le NHS, le ministre de la Santé a lancé un appel pour recruter 250 000 bénévoles, pour faire courses et livraisons de médicaments.

35 000 personnels de santé, étudiants ou jeunes retraités, vont de leur côté venir prêter main-forte aux équipes à pied d’œuvre, a précisé Matt Hancock.

Convaincu par l’aggravation récente et les études scientifiques alarmantes évoquant des dizaines de milliers de morts potentiels, le gouvernement de Boris Johson s’est résolu lundi à décréter un confinement strict, prévu pour durer au moins trois semaines.

Désormais, les Britanniques ne sont autorisés à sortir de chez eux que dans des cas très limités comme faire ses courses « aussi peu souvent que possible », aller travailler « quand c’est absolument nécessaire », se faire soigner ou faire de l’exercice, une fois par jour.  

Les rassemblements dans l’espace public de plus de deux personnes sont interdits et tous les magasins de biens non essentiels sont fermés au public.

Amendes et « acceptation »

« Si vous ne restez pas à la maison, les gens que vous aimez le plus pourraient mourir », a prévenu mardi Michael Gove, un ministre de premier plan du gouvernement conservateur. « N’allez pas dehors répandre cette maladie ! », a-t-il enjoint sur la chaîne de télévision Sky News.  

Au premier jour du confinement, la circulation automobile s’est réduite considérablement dans le centre de Londres, où quelques joggers croisent des personnes seules, souvent un sac de courses à la main.

Mais dans le sud de la capitale, un supermarché a été pris d’assaut dès l’aube et son rayon de papier toilette s’est vidé en quelques minutes. Des rames de métro, dont la fréquence a été fortement réduite, se sont retrouvées bondées, ce qui ne permettait pas aux voyageurs de respecter la consigne de maintenir une distance de deux mètres entre eux.  

Critiqué par le gouvernement pour le faible niveau du trafic, le maire de Londres Sadiq Khan a appelé les Londoniens à se limiter aux trajets indispensables : « Ignorer ces règles signifie que des vies seront perdues ».  

Les appels se sont multipliés, notamment de la part du chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn, pour davantage de clarté sur les mesures annoncées, sur les lieux de travail pouvant rester ouverts, alors que les chantiers de construction ont repris mardi comme si de rien n’était.

La police est chargée d’appliquer ces dispositions et peut sanctionner les contrevenants par des amendes, un durcissement notable dans un pays attaché aux libertés individuelles.

Contrairement à ce qui est imposé notamment en France, les Britanniques n’ont pas pour l’instant à remplir une attestation de déplacement pour pouvoir sortir de chez eux.

Ancien chef de la police de Manchester, Peter Fahy a estimé que faire appliquer ces mesures serait difficile, les policiers étant déjà en sous-effectifs avant même le début de la pandémie.

« Cela requerra un grand soutien public, une grande acceptation publique et un grand respect par le public », a-t-il dit sur la BBC.