(Rome) Trois détenus ont été retrouvés morts mardi matin dans leur cellule de la prison de Rieti, à 70 kilomètres au nord-est de Rome, où a eu lieu une révolte déclenchée par l’épidémie de coronavirus.

En tout, dix prisonniers sont décédés dans les prisons italiennes, dont sept à Modène (Nord), depuis le début dimanche de ce mouvement de révolte déclenché par l’inquiétude sur l’épidémie et l’annulation des parloirs pour les familles.  

« A Rieti, trois détenus ont été retrouvés sans vie ce matin (mardi), les premières constatations suggérant que les décès pourraient avoir été causés par la prise imprudente de médicaments dérobés lors du soulèvement d’hier à l’infirmerie », annonce le ministère de la Justice dans un communiqué.

PHOTO ALBERTO PIZZOLI, AFP

De la fumée s’échappe par le toit de la prison Regina Coeli de Rome, une des 23 prisons italiennes où des émeutes ont éclaté en début de semaine.

Un autre prisonnier est mort à la prison de Modène « vraisemblablement des suites d’une overdose de drogue », ajoute le ministère qui précise que le détenu « avait été hospitalisé dans un état grave ».

Affrontements mortels à Modène

Six autres détenus sont morts pendant ou après les affrontements survenus dimanche dans cette prison Sant’Anna de Modène après l’annonce des autorités de suspendre les visites familiales et des permissions de sortie pour combattre l’épidémie.

Ces mesures restrictives ont déclenché des soulèvements dans une vingtaine de prisons à travers le pays, de Milan à Palerme en passant par Rome et Naples. Ces troubles avaient « pris fin presque partout » mardi, a précisé le ministère de la Justice.

« Il semble que les mesures de confinement préconisées pour l’ensemble des citoyens ne soient pas acceptées par les prisonniers qui sont déjà contraints par la surpopulation carcérale, parfois à cinq dans une même cellule », a expliqué sur la chaîne Rai News 24 Mauro Delma, garant italien des personnes privées de liberté.

« C’est le scénario propice à ce que les situations explosent, la sensation de se sentir dans un monde à part par rapport à tout ce qui est dehors, a-t-il ajouté.

Le patron du parti d’extrême droite La Ligue et ancien ministre de l’Intérieur Matteo Salvini a fustigé la faiblesse du gouvernement dans ce dossier.  

 « Il n’est pas possible que des images de prisons en révolte circulent dans le monde. Un État qui se respecte et qui veut instaurer une zone rouge fait respecter la loi dans les prisons d’une main de fer », a-t-il déclaré.

Le ministère de la Justice et les médias rapportaient encore des troubles mardi à Bologne, où les prisonniers occupent certaines sections de la prison ainsi qu’à Caltanissetta et Enna (Sicile), Pescara (centre) et Avellino (Sud), avec des groupes de détenus qui refusent de retourner dans leurs cellules.

À Foggia (Sud), 50 prisonniers évadés ont été repris et 22 sont toujours recherchés, selon les médias.

Les autorités sanitaires italiennes ont annoncé la distribution à partir de mardi de 100 000 masques dans les prisons et le montage de 80 tentes pour filtrer les entrées des prisonniers et détecter d’éventuels cas de coronavirus.

Les prisons italiennes souffrent de surpopulation, avec plus de 61 000 détenus pour 51 000 places.