(Londres) Le décompte final du Brexit a commencé mardi, avec la reprise des débats au Parlement britannique sur la loi qui va entériner la sortie de l’Union européenne le 31 janvier, après plus de trois ans et demi de psychodrame.

Le premier ministre Boris Johnson, dont le Parti conservateur a triomphé aux élections de décembre, dispose à présent d’une large majorité à la Chambre des communes qui écarte le risque d’un nouveau report ou blocage du Brexit.

Les députés ont entamé mardi après-midi dans une Chambre clairsemée trois jours de débat sur la loi d’application de l’accord de sortie de l’UE que le chef du gouvernement a négocié à Bruxelles.  

En ouvrant les débats, le ministre du Brexit Steve Barclay a affirmé que le texte « répond à la volonté des Britanniques », qui ont voté à 52 % pour quitter l’UE en juin 2016.  Il a souligné qu’il « sécurisait les droits des citoyens de l’UE au Royaume-Uni ainsi que les droits des Britanniques dans l’Union européenne ».

Le texte devrait poursuivre son parcours législatif sans encombre, les élections générales du 12 décembre ayant gratifié Boris Johnson de la plus forte majorité parlementaire pour les conservateurs depuis Margaret Thatcher dans les années 1980.  

L’opposition travailliste, en pleine auto critique depuis sa défaite, se cherche quant à elle un nouveau chef. Le nom du successeur de Jeremy Corbyn, qui avait donné un coup de barre à gauche à son parti, sera connu le 4 avril.

Le texte organisant la sortie de l’UE a passé haut la main l’épreuve d’un premier vote le 20 décembre, avec 358 voix pour (234 contre). Les députés ont repris son examen au retour des vacances de Noël mardi avant un deuxième vote jeudi.  Une fois le texte définitivement adopté, après son passage à la Chambre des Lords et l’assentiment de la reine Élisabeth II, reste au Parlement européen à le ratifier.

Le Royaume-Uni devrait alors quitter l’Union européenne le 31 janvier à 23 h locale, après 47 ans d’une vie commune mouvementée.

S’ouvrira alors une période de transition, jusqu’au 31 décembre 2020, censée permettre une séparation en douceur, durant laquelle les Britanniques continueront d’appliquer les règles européennes et d’en bénéficier - sans siéger dans les institutions européennes ni avoir leur mot à dire sur les décisions.

S’engageront surtout des discussions au pas de charge entre Londres et Bruxelles pour établir leur relation future et conclure un accord commercial.

« Immense défi »

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se rend mercredi à Londres avec le négociateur de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, pour s’entretenir avec Boris Johnson. Ce sera leur première rencontre depuis la prise de fonction de la dirigeante européenne début décembre.

Elle pourra exprimer de vive voix à Boris Johnson ses réserves sur son choix d’exclure d’emblée toute prolongation des discussions et tout report de la date butoir du 31 décembre 2020.

« Il me semble que, des deux côtés, nous devrions nous demander sérieusement si toutes ces négociations sont faisables en si peu de temps », a déclaré la cheffe de l’exécutif européen fin décembre dans une interview au quotidien économique français Les Échos.

Boris Johnson entend quant à lui réitérer sa ferme volonté de ne pas étendre la période de transition au-delà du 31 décembre, selon une source gouvernementale.

Le président français Emmanuel Macron a estimé mardi que le Royaume-Uni devra faire preuve de « flexibilité » dans la nouvelle phase de négociations avec l’Union européenne s’il veut respecter « le calendrier ambitieux » qu’il s’est fixé pour sortir de l’UE d’ici à fin 2020.

Boris Johnson promettant un accord commercial « ambitieux », « sans alignement avec les règles de l’UE », les Européens craignent la création d’un concurrent à leur porte qui profiterait de la dérégulation pour vendre des marchandises dans l’UE à un prix plus bas en abaissant le niveau des normes protégeant les travailleurs, les consommateurs et l’environnement.