L'ONG de sauvetage de migrants Proactiva Open Arms a affirmé lundi que l'État espagnol empêchait son bateau Open Arms de prendre la mer pour aller secourir des migrants en Méditerranée.

« De nouveau bloqués au port. La capitainerie de Barcelone [dépendant du ministère espagnol de l'Équipement, NDLR] refuse à l'Open Arms l'autorisation de partir vers la Méditerranée », a tweeté lundi matin l'ONG qui a son siège près de Barcelone.

« Nous empêcher de sauver des vies est irresponsable et cruel. De lâches politiciens mettent en marche le compteur de morts », a dénoncé le fondateur de l'ONG, Oscar Camps.

Le navire avait accosté le 28 décembre dans le sud de l'Espagne avec à son bord 311 migrants, secourus une semaine auparavant au large de la Libye.

L'Italie et Malte lui avaient fermé leurs ports.

Après avoir refait le plein de provisions à Barcelone, l'Open Arms devait repartir le 8 janvier, mais les autorités portuaires le lui ont interdit.

Selon un communiqué du ministère de l'Équipement, le bateau « viole plusieurs dispositions des normes internationales sur le sauvetage en mer ».

L'Open Arms intervient au large de la Libye, une zone où l'Espagne n'a pas de compétences en matière de sauvetage, souligne le ministère.

« Faute d'autorisation des pays riverains, il a dû traverser la Méditerranée pendant plusieurs jours pour débarquer les naufragés, compromettant la sécurité du navire, de son équipage et des personnes secourues à son bord », poursuit le communiqué.

Proactiva Open Arms a contesté cette décision, selon une de ses porte-parole.

Depuis son arrivée au pouvoir en juin, le chef du gouvernement socialiste espagnol Pedro Sanchez a opéré un virage dans sa politique sur les migrants.

En juin, il avait ouvert un port espagnol à l'Aquarius face au refus italien et maltais d'accueillir ce navire de sauvetage avec plus de 600 migrants à son bord.

Puis il a permis à trois reprises d'accueillir l'Open Arms, mais en août, il a refusé que l'Aquarius puisse à nouveau accoster. Depuis, il n'a ouvert un port qu'à un seul navire d'ONG, l'Open Arms, fin décembre.

Les politiques migratoires restrictives de l'Italie et de Malte, et l'accord entre l'Union européenne et la Libye pour limiter les flux migratoires en provenance de ce pays, ont contribué à faire de l'Espagne la première porte d'entrée de l'immigration clandestine en Europe en 2018, avec plus de 55 000 arrivées par voie maritime selon le Haut commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR).