Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, a mis en garde Moscou vendredi contre un « jeu d'échecs diplomatique », après l'inculpation pour « espionnage » de l'ex-Marine Paul Whelan, qui possède les nationalités américaine, britannique et irlandaise.

« Nous n'acceptons pas que des personnes soient utilisées dans un jeu d'échecs diplomatique », a déclaré M. Hunt sur la BBC. « Nous sommes tous très inquiets pour lui et sa famille », a-t-il ajouté en précisant que le Royaume-Uni n'avait pas encore obtenu l'accès consulaire à M. Whelan.  

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a précisé que le Royaume-Uni avait reçu « une demande d'assistance de sa part ».  

« C'est un sujet britannique. Les Britanniques ont envoyé une demande de visites consulaires. On y travaille », a réagi la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l'agence de presse officielle TASS.  

Paul Whelan, 48 ans, détient également un passeport irlandais.  

« L'ambassade d'Irlande à Moscou a demandé l'accès consulaire à un citoyen irlandais actuellement détenu en Russie après avoir reçu une demande d'assistance », a confirmé à l'AFP un porte-parole du ministère des Affaires étrangères irlandais. Le ministère « fournira toute l'aide possible et appropriée dans cette affaire », a-t-il ajouté.

Selon le Washington Post, Whelan détient en outre un passeport du Canada, où il est né. « Il collectionnait (les passeports) par jeu », a indiqué au Post une personne au courant de son dossier. « Il était en compétition avec sa soeur » pour le nombre de passeports.  

Jeudi, l'avocat de Paul Whelan, Vladimir Jerebenkov, a annoncé que la justice russe avait inculpé d'« espionnage » son client, arrêté à Moscou le 28 décembre, dans un contexte déjà lourd d'affaires de ce type entre la Russie et les Occidentaux. Sa mise en détention provisoire a été ordonnée, avant son procès.  

L'avocat a dit avoir fait appel de cette décision et demandé sa remise en liberté sous caution.

Les services de sécurité russes (FSB) affirment avoir arrêté Paul Whelan « pendant qu'il commettait un acte d'espionnage », ce qu'il dément. Il encourt une peine pouvant aller jusqu'à vingt ans de prison.

L'ambassadeur des États-Unis à Moscou, Jon Huntsman, lui a rendu visite à la prison de Lefortovo, dans la capitale russe, selon le département d'État américain.

Né au Canada, Paul Whelan est le directeur de la sécurité internationale du groupe BorgWarner, un fabricant de pièces détachées dans le secteur automobile dont le siège se trouve près de Detroit, aux États-Unis, selon son frère David Whelan. Il a été arrêté alors qu'il assistait au mariage d'un ancien collègue, retraité de la Marine comme lui, avec une Russe, et résidait à l'hôtel Metropol à Moscou, a raconté David Whelan, affirmant que « son innocence ne fait pas l'ombre d'un doute ».

Selon le New York Times, lorsqu'il était Marine, Paul Whelan avait été traduit en cour martiale en 2008 pour vol et escroquerie, infraction qui empêche ou au moins complique un recrutement au sein du renseignement.

Déjà tendues, les relations diplomatiques entre le Royaume-Uni et Londres se sont envenimées depuis l'empoisonnement d'un ex-agent double russe et de sa fille en Angleterre en mars 2018.

Cette attaque a été attribuée par le Royaume-Uni, soutenu par ses alliés occidentaux, à la Russie, qui nie. L'épisode a entraîné une crise diplomatique, ainsi que la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates russes et occidentaux de l'Histoire.