(Athènes) Près de 400 pompiers et des avions bombardiers d’eau de l’Union européenne étaient déployés jeudi en Grèce pour venir à bout d’un incendie qui ravageait pour le troisième jour consécutif une réserve naturelle sur l’île d’Eubée, à une centaine de kilomètres au nord-est d’Athènes, les autorités déplorant « une énorme catastrophe écologique ».

« La situation s’améliore, mais le terrain (montagneux) reste très difficile », a déclaré à l’AFP le porte-parole des pompiers Vassilis Vathrakogiannis.

« Nous saurons demain si le feu est partiellement maîtrisé. Mais même si c’est le cas, nous resterons sur place deux jours de plus », a-t-il ajouté.

Les pompiers sont parvenus à cantonner le feu dans un ravin près du village de Platana, soutenus par une centaine de camions, neuf hélicoptères et douze avions, dont deux venus d’Italie et un d’Espagne.

« Nous faisons tout notre possible pour créer de nouvelles défenses contre le feu près du village », a déclaré à la télévision publique ERT Yiorgos Kostopoulos, responsable de la protection civile de l’île. On pouvait voir une pelleteuse creusant une tranchée derrière lui.

Au moins 2300 hectares ont été dévorés par les flammes, selon les estimations de Copernicus, le programme de l’UE d’observation par satellite.

L’incendie, qui n’a pas fait de victime hormis un pompier hospitalisé mardi pour des brûlures, a touché notamment la forêt d’Agrilitsa, causant des dégâts inestimables dans cette réserve naturelle de 550 hectares.

« Forêt ravagée »

« La forêt a été ravagée », a affirmé à la télévision sur l’internet TV Open le responsable de la communauté locale Dimitris Yiannoutsos. Mais tant que le feu reste actif, les autorités sont « incapables d’estimer pleinement l’étendue des dommages », a-t-il toutefois ajouté.

PHOTO LOUISA GOULIAMAKI, AGENCE FRANCE-PRESSE

« C’est une énorme catastrophe écologique dans une forêt de pins unique » restée « intacte » jusqu’à ce jour, avait déploré la veille le gouverneur régional sortant Costas Bakoyannis.

L’incendie a démarré mardi peu après 3 h (20 h lundi HE) sur l’île, la deuxième du pays par la taille après la Crète, entraînant l’évacuation de quatre villages dont Platana. Les soldats du feu combattent sur un terrain à la végétation dense, au relief accidenté et à l’accès ardu.

Le commissaire européen à l’Action humanitaire, le chypriote Christos Stylianides, a qualifié mercredi à Athènes d’« exemplaire » la mobilisation des forces grecques et évoqué une « solidarité européenne tangible ».

À la demande d’Athènes, l’Union européenne a mobilisé ses moyens du mécanisme rescUE, opérationnel depuis le début de l’année en prévision des incendies de forêt.

La Grèce a été touchée ces derniers jours par une série d’incendies sous l’effet combiné de températures caniculaires, de vents violents et de la sécheresse.

Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a écourté ses vacances en Crète pour revenir mardi à Athènes. « Les incendies de forêt vont faire hélas partie de notre quotidien puisque le changement climatique touche aussi le sud de l’Europe », a-t-il déclaré mercredi à Psachna, menacé la veille par les flammes.

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Le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis.

Il avait auparavant rendu hommage aux pompiers qui font face chaque jour à une cinquantaine d’incendies de forêt en moyenne. « Je suis conscient que nos pompiers ont tout donné, en particulier ces cinq derniers jours, ils ne dorment pas et souvent ne mangent pas », a-t-il déclaré mardi soir.

Des feux ont été maîtrisés mardi sur l’île de Thassos (nord), ainsi que dans les régions de Béotie (centre-ouest) et du Péloponnèse (sud).  

Un autre sinistre qui menaçait la banlieue est d’Athènes a pu être éteint lundi, tandis que l’île touristique d’Elafonissos a été pendant deux jours la proie des flammes.

Samedi, deux feux ont été maîtrisés autour de Marathon, au nord d’Athènes, non loin de la station balnéaire de Mati, où 102 personnes avaient péri il y a un an dans l’incendie le plus meurtrier qu’ait connu la Grèce.