Des gilets jaunes ont manifesté encore une fois à Paris, samedi, cette fois devant les sièges de grandes chaînes de télévision françaises, alors que de petits groupes se sont rassemblés aussi ailleurs en France, malgré un certain essoufflement du mouvement.

Des centaines de manifestants - certains scandant « journalistes collabos ! » - se sont massés devant le siège du réseau de télévision BFM et celui de France Télévisions. Certains manifestants ont lancé des pierres et d'autres objets au cours d'escarmouches avec la police antiémeute, qui a tiré des gaz lacrymogènes.

Certains membres du vaste mouvement des « gilets jaunes » accusent les principaux médias français de favoriser le gouvernement du président Emmanuel Macron et la grande entreprise dans ce conflit. Ils reprochent aussi aux « médias traditionnels » de minimiser l'ampleur des manifestations depuis le début du mouvement le 17 novembre.

Des dizaines de manifestants ont tenté à deux reprises, samedi, de marcher sur les très touristiques Champs-Élysées, site d'affrontements répétés avec la police ces dernières semaines. Les gyrophares bleus des voitures de police scintillaient le long de la prestigieuse avenue étincelante de décorations de Noël rouges.

Un autre petit groupe de manifestants portant le gilet jaune s'est réuni près de la tour Eiffel, et plusieurs y ont été arrêtés. Mais le soir venu, touristes et couples étaient de retour sur la place du Trocadéro voisine pour profiter d'une vue spectaculaire sur la « Dame de fer ».

La police et les manifestants semblaient être moins nombreux que lors des fins de semaine précédentes. Les fêtes de fin d'année et le froid hivernal ont peut-être freiné l'ardeur des « gilets jaunes » samedi - à moins que ce ne soient les concessions faites par le président Macron pour calmer le mouvement, lorsque les émeutes ont presque atteint le palais présidentiel de l'Élysée plus tôt ce mois-ci.

Malgré les offres d'allègement fiscal et autres mesures de soutien annoncées par M. Macron, de nombreux Français demeurent frustrés par ses sympathies à l'endroit de la grande entreprise, et continuent de dresser des barrages routiers aux carrefours giratoires du pays.

Des rassemblements pacifiques ont eu lieu samedi dans plusieurs villes, de Marseille à Albertville en passant par Rouen. Les manifestants ont continué à bloquer les ronds-points à plusieurs endroits, à provoquer des embouteillages et à ne laisser passer que quelques conducteurs à la fois, lors d'un week-end de vacances des Fêtes très encombré sur les routes. Ils ont brandi des drapeaux français et des pancartes avec un éventail de demandes - notamment le maintien du pouvoir d'achat et la protection des retraites.

De nouvelles manifestations sont prévues sur les Champs-Élysées lundi, veille du Nouvel An, alors que Paris organise un spectacle de lumières qui attire généralement une foule nombreuse. La police parisienne prévoit une sécurité accrue pour cet événement annuel, qui dégénère déjà, parfois, en violences après minuit.

Le mouvement des « gilets jaunes » a été lancé par des citoyens non apparentés à un parti ou un syndicat pour exprimer leur colère face aux hausses de la taxe carbone sur l'essence, qui frappe durement les travailleurs se rendant au boulot en voiture. Le mouvement a pris de l'ampleur pour exprimer maintenant une colère plus générale face à la politique économique du président Macron, élu il y a 19 mois.