Un mois avoir lancé des accusations virulentes contre le pape François, le prélat italien Carlo Maria Vigano s'insurge de pas avoir reçu de réponse aux allégations qu'il dit avoir faites «uniquement pour le bien de l'Église».

«Ni le pape ni aucun des cardinaux à Rome n'ont nié les faits que j'ai affirmés dans mon témoignage», écrit Mgr Vigano dans un nouveau texte posté jeudi et vendredi sur deux blogues catholiques ultraconservateurs italiens qui le soutiennent.

L'ex-ambassadeur du Saint-Siège à Washington affirme que le sommet de l'Église n'est pas en mesure de fournir des documents réfutant ses allégations.

Fin août, il avait accusé le pape François d'avoir sciemment ignoré pendant cinq ans des signalements sur les agissements du cardinal américain Theodore McCarrick, présenté comme un prédateur sexuel notoire jetant son dévolu sur des jeunes séminaristes et prêtres.

Le cardinal McCarrick, 88 ans, a finalement été accusé fin juillet d'abus sexuels anciens sur un adolescent de 16 ans. Le pape François a rapidement annoncé son départ du collège des cardinaux, un fait quasi inédit dans l'histoire de l'Église.

«Si le pape avait dit 'Vigano est un menteur', il aurait contesté ma crédibilité et cherché à accréditer la sienne. Ce faisant, il aurait cependant fait croître la demande de la part du peuple de Dieu et du monde pour des documents nécessaires pour déterminer qui des deux dit la vérité», insiste Mgr Vigano dans sa nouvelle salve.

Il appelle aussi le cardinal Marc Ouellet à s'exprimer, en évoquant une rencontre à Rome avec ce prélat canadien qui aurait été au courant des sanctions prononcées par le pape Benoît XVI contre Mgr McCarrick.

Mgr Vigano, 77 ans, qui a été nonce à Washington entre 2011 et 2016, affirme que le pape Benoît XVI avait imposé des sanctions au cardinal soupçonné d'abus vers 2009-2010, l'obligeant théoriquement à renoncer à toute apparition publique. Sanctions que le pape François aurait de facto annulées en consultant l'Américain sur de nombreuses nominations de cardinaux.

«La décision de révéler ces faits a été pour moi la plus douloureuse et la plus grave que j'ai prise dans toute ma vie», confie Mgr Vigano dans son nouveau texte.

«Certes, certains des faits révélés étaient couverts par le secret pontifical que j'avais promis d'observer», note l'ex-nonce. «Mais la finalité du secret, également du secret pontifical, est de protéger l'Église de ses ennemis, de ne pas taire et devenir complice des crimes commis par quelques-uns de ses membres», se justifie-t-il.