Le favori de la primaire de la droite François Fillon, qui porte un projet « radical » pour la France, et l'outsider Alain Juppé jettent vendredi leurs dernières forces dans la bataille, avec l'espoir de se placer en position de tête pour la présidentielle de 2017.

Face à une gauche impopulaire et divisée, le vainqueur de ce scrutin, qui sera désigné dimanche, a toutes les chances, selon les sondages, d'être élu président en mai face à la chef de l'extrême droite Marine Le Pen.

« La primaire de dimanche prochain, en vérité, tout le monde le sent bien, c'est le premier tour de l'élection présidentielle », a souligné vendredi l'ex-premier ministre Alain Juppé. « Je pense que pour battre Marine Le Pen, je suis mieux placé avec mon programme », a-t-il dit, en se présentant comme un « libéral-social » face à un rival « hyperlibéral ».

Les deux candidats tiennent leurs derniers rassemblements vendredi soir, l'un à Paris, l'autre à Nancy (est).

Lors de l'ultime duel télévisé de cette primaire inédite à droite, l'ampleur des réformes qu'ils préconisent a dominé les débats, à coup de chiffres et sans grand éclat. M. Fillon, 62 ans, porteur d'un projet aux accents thatchériens, a dessiné une France « à bout de souffle » qu'il était temps de « débureaucratiser ».

Son rival, 71 ans, s'est posé en rassembleur d'un pays « riche de sa diversité » et a jugé « impossible » d'imposer aux Français de « travailler plus pour gagner moins ». Taxé de « mollesse » pendant la campagne, il a été accusé par François Fillon de ne « pas vouloir vraiment changer les choses ».

Selon un sondage après l'émission, le favori a été jugé le plus convaincant par 57 % des téléspectateurs, contre 41 % pour Alain Juppé. Les derniers sondages promettent à François Fillon une victoire avec 65 % des suffrages.

Se battre « jusqu'au bout »

« Je vais me battre jusqu'au bout avec la volonté de gagner », a assuré vendredi M. Juppé, jugeant « prématurée » une question sur son éventuel retrait de la vie politique en cas de défaite. Il a néanmoins affirmé qu'il soutiendrait son rival s'il ne parvenait pas à se qualifier.

Signe de l'immense intérêt pour ce scrutin, plus de 8,5 millions de personnes ont suivi le débat diffusé sur deux chaînes de télévision, soit 3 millions de téléspectateurs supplémentaires par rapport au précédent débat.

Longtemps considéré comme un outsider, François Fillon a créé la surprise dimanche dernier en recueillant plus de 44 % des suffrages avec son programme très libéral en économie et conservateur sur les questions de société.

M. Juppé est arrivé loin derrière (28 %) alors qu'il a fait la course en tête pendant des mois dans les sondages. Autre coup de tonnerre: l'ancien président Nicolas Sarkozy, 61 ans, a été sèchement éliminé.

Pour tenter d'« inverser la vapeur », Alain Juppé a sorti les gants dans l'entre-deux-tours.

François Fillon est un « ultralibéral » dont le programme est « brutal », a-t-il asséné en référence à la promesse de son rival de supprimer un demi-million de postes de fonctionnaires en cinq ans. « C'est vrai que mon projet est plus radical, peut-être plus difficile », a concédé l'intéressé jeudi soir.

Il a aussi taclé un rival « traditionaliste », qui a émis des réserves personnelles sur l'avortement compte tenu de sa foi catholique et bénéficie de soutiens d'opposants au mariage gai et même d'une partie de l'extrême droite.

Refusant d'être « caricaturé en conservateur moyenâgeux », François Fillon ne s'« excuse pas d'avoir des valeurs », a-t-il répliqué.

Dans leur parti, plusieurs voix ont dénoncé un climat électrique entre les deux tours. « Compétition oui, division non », a plaidé Laurent Wauquiez, président par intérim des Républicains.

Quelle que soit l'issue du scrutin, il sera suivi d'une accélération dans le camp socialiste, qui prévoit d'organiser à son tour une primaire en janvier et demande aux prétendants de se déclarer avant le 15 décembre.

L'impopulaire président François Hollande, dont l'annonce sur une éventuelle nouvelle candidature est imminente, semble voir d'un bon oeil la victoire annoncée de François Fillon. Son programme fait figure de « chiffon rouge » pour les électeurs de gauche, selon ses proches.