L'ancien chef politique des Serbes de Croatie, Goran Hadzic, soupçonné de crimes de guerre et contre l'humanité lors des conflits en ex-Yougoslavie (1991-1995), est décédé mardi, a annoncé l'agence officielle serbe Tanjug.

Le nom d'Hadzic, âgé de 57 ans, est notamment associé au massacre de Vukovar, une des pages les plus noires de ces conflits intercommunautaires sanglants: 264 personnes avaient été battues, torturées puis abattues après s'être réfugiées dans un hôpital, au début de la guerre en novembre 1991.

Arrêté en 2011, dernier suspect livré à la justice internationale par les autorités serbes, ce fidèle de l'ancien président serbe Slobodan Milosevic avait été libéré en avril 2015 en raison d'un cancer au cerveau, et le procureur du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) avait demandé en mai la clôture officielle de son procès.

Entamées par les déclarations d'indépendance de la Croatie et de la Slovénie en juin 1991, les guerres dans l'ex-Yougoslavie avaient fait plus de 130.000 morts jusqu'en 1999.

Hadzic devait initialement répondre de 14 chefs d'accusation pour des crimes contre l'humanité et des crimes de guerre commis pendant la guerre de Croatie.

Outre Vukovar, il était accusé d'être responsable, en octobre 1991, du massacre de civils croates qui avaient été forcés de marcher dans un champ de mines à proximité de la ville de Lovas, dans l'est de la Croatie.

Il était également soupçonné d'être impliqué dans la déportation de dizaines de milliers de Croates et autres non-Serbes, dans le but de créer un État serbe en Croatie.

Décédé à l'hôpital à Novi sad, selon Tanjug, cet ancien «président» de la République serbe autoproclamée de Krajina, non-reconnue par la communauté internationale, vivait depuis sa libération dans cette ville du nord de la Serbie.

Cette entité de Krajina, dans l'est du pays, avait couvert jusqu'au tiers du territoire croate jusqu'à la contre-offensive victorieuse des forces croates en 1993.

Modigliani a entraîné sa chute

Hadzic collaborait notamment avec le défunt Zeljko Raznatovic, l'ultranationaliste sanguinaire «Arkan», dont la milice des «Tigres» était redoutée pour ses exactions et ses opérations de «nettoyage ethnique» en Croatie, en Bosnie puis au Kosovo.

L'objectif d'Hadzic était d'intégrer la Krajina «dans un nouvel État dominé par les Serbes», selon l'acte d'accusation du TPIY. Cette entité fut finalement dissoute à la fin de la guerre de Croatie.

Au moment de son arrestation, en juillet 2011, Hadzic était le dernier des 161 inculpés à être recherché par le TPIY, fondé en 1993 à La Haye. Son interpellation en Serbie avait mis un terme à sept ans de cavale.

Cet ancien magasinier dans une entreprise agricole avait été arrêté dans les montagnes du nord de la Serbie, alors qu'il essayait de vendre un tableau de Modigliani.

l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, 71 ans, a été condamné le 24 mars à 40 ans de détention pour génocide. L'ultranationaliste serbe Vojislav Seselj, 61 ans, a en revanche été acquitté de tous les chefs d'accusation qui pesaient contre lui.

L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie, Ratko Mladic, 73 ans, est actuellement jugé par le TPIY. L'ancien président serbe Slobodan Milosevic est mort en détention en 2006 à 64 ans avant la fin de son procès devant le TPIY pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

«Arkan» a été assassiné en janvier 2000 à Belgrade, quelques mois avant la chute de Slobodan Milosevic. Un assassinat dont le mobile exact n'a jamais été élucidé.