Le premier ministre français, Manuel Valls, a estimé mardi soir que le combat contre l'antisémitisme était «à reprendre» dans le pays, alors que se multiplient les actes hostiles envers les juifs français, de plus en plus nombreux à émigrer vers Israël.

«Aujourd'hui, le combat est à reprendre», a estimé M. Valls lors de ses voeux avant le nouvel an juif, Roch Hashana, à la synagogue Nazareth à Paris.

«Il y a cette négation rampante de la Shoah, cette haine des Juifs qui a grandi dans nos quartiers populaires (...), a contaminé les esprits d'une partie de notre jeunesse», a ajouté le chef du gouvernement.

Les actes et menaces antisémites ont connu une hausse de 84% entre janvier et mai par rapport à la même période l'année dernière, selon le Service de protection de la communauté juive.

Le chef du gouvernement a indiqué qu'«une vaste campagne de communication gouvernementale» serait lancée cet automne pour sensibiliser la population à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme.

Après les attentats de janvier qui avaient visé, notamment, une épicerie casher près de Paris, y faisant cinq morts, le gouvernement français avait présenté un plan de mobilisation sur ces sujets.

«Chaque préfet, chaque procureur de la République a été chargé d'en mettre en oeuvre le volet territorial, et en particulier sa dimension répressive, pour punir les délits, avec la sévérité de nos lois», a précisé mardi le Premier ministre.

La communauté juive de France est, avec quelque 500 000 membres, la plus grande d'Europe.

M. Valls a réitéré son appel aux juifs français qui seraient tentés de partir vers Israël, notamment par peur de l'antisémitisme, à rester en France.

«Ceux qui veulent partir en Israël», a dit le Premier ministre, «personne ne peut les condamner». «Mais leur place est ici», a-t-il réaffirmé.

La France a été le premier pays pour l'aliyah (l'émigration vers Israël) en 2014, avec plus de 6000 départs et la tendance est de nouveau à la hausse en 2015, avec 4772 «olims» (ceux qui font l'aliyah) entre janvier et juillet (+11% sur un an).

Juppé dénonce la multiplication «des actes antisémites»

L'ancien premier ministre français Alain Juppé a dénoncé mardi «les actes antisémites» qui «se multiplient dans les banlieues» françaises, affirmant que l'augmentation des départs pour Israël de Français juifs était «un grave échec pour la République».

«Les actes antisémites se sont multipliés dans les banlieues, où certains instrumentalisent le conflit israélo-palestinien pour essayer de donner une vague explication à ce qui n'est souvent que la reprise des vieux stéréotypes odieux», a déclaré M. Juppé à Paris devant l'Association des Amis du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France).

Selon lui, «l'assassinat d'Ilan Halimi», un jeune Juif français enlevé, torturé et tué en 2006, a été un signe annonciateur qui n'a pas été suffisamment pris au sérieux. «La communauté juive s'est retrouvée seule face à ce drame qui portait tous les signes pourtant d'un antisémitisme le plus abject», a-t-il dit.

M. Juppé, maire de Bordeaux et candidat à l'investiture de son parti Les Républicains (droite) pour l'élection présidentielle de 2017, «réclame une extrême vigilance sur ce point dans les écoles et parmi la jeunesse, où la parole antisémite se libère trop souvent».

«Nos enseignants doivent recevoir la formation et le soutien nécessaire pour sanctionner immédiatement toute dérive négationniste», a-t-il dit.

M. Juppé a annoncé qu'il se rendrait «prochainement en Israël» pour affirmer sa «solidarité» à «un Etat plus que jamais entouré par un Moyen-Orient déstabilisé par le terrorisme islamiste sunnite et confronté au retour de l'Iran chiite sur la scène internationale».

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Alain Juppé