Un millier de migrants ont poursuivi lundi leur marche vers l'Europe occidentale en entrant en Hongrie, au moment où, à Berlin, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel plaidaient pour une réponse «unifiée» de l'Union européenne à l'afflux sans précédent de réfugiés sur le continent.

Au moins un millier de personnes venant de Serbie, parmi lesquelles de nombreux Syriens, ont franchi la frontière hongroise en passant par une voie ferrée transfrontalière, près du village hongrois de Roszke, a constaté un photographe de l'AFP.

Ce passage en Hongrie, pays de l'UE, s'est effectué quelques jours avant l'achèvement de l'installation de la barrière destinée à empêcher l'arrivée des migrants par cette frontière, annoncée pour le 31 août par le gouvernement de Budapest.

Ces migrants font partie des milliers de personnes passées par la Grèce puis la Macédoine, qui a vainement tenté en fin de semaine dernière de les endiguer.

«Nous devons mettre en oeuvre un système unifié de droit d'asile» ainsi qu'«une politique migratoire commune avec des règles communes», a lancé le chef de l'État français devant la presse à Berlin, aux côtés de la chancelière, soulignant qu'il s'agissait d'une «situation exceptionnelle qui (allait) durer».

Mme Merkel a relevé que si l'Union européenne a «de manière globale un même droit d'asile», tous les pays européens doivent le mettre en application «le plus rapidement possible».

La chancelière avait auparavant condamné «de la manière la plus forte» les violences xénophobes commises durant le week-end, notamment à Heidenau (Saxe), dans l'est de l'Allemagne, théâtre d'affrontements entre force de l»ordre et manifestants d'extrême droite.

Cette crise des réfugiés - la plus grave qu'ait eu à affronter l'Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale - a relégué au second plan le conflit en Ukraine, thème initialement prévu de la rencontre des deux dirigeants avec le président ukrainien Petro Porochenko.

«Désastre humanitaire» 

Le ministre autrichien des Affaires étrangères, Sebastian Kurz, en visite à la frontière gréco-macédonienne, a qualifié la situation de «désastre humanitaire».

«C'est un désastre humanitaire, un désastre pour l'Union européenne dans son ensemble», a-t-il déclaré à la presse, réclamant à la Commission européenne une «nouvelle stratégie».

Son homologue italien Paolo Gentiloni a abondé dans le même sens, jugeant que «les scènes dont nous avons été témoins en Macédoine sont un affront à la dignité et à l'histoire de l'Europe».

«Sur cette question de l'immigration, soit l'Union européenne se redécouvre elle-même, soit elle disparaît complètement», a-t-il jugé.

La crise des réfugiés est «en haut de l'agenda» européen, a assuré dimanche à Prague le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, estimant qu'outre la rencontre Hollande-Merkel, il faut prévoir dans les jours qui viennent une «réunion des ministres de l'Intérieur ou des Affaires étrangères».

«C'est exactement le genre de problème qu'il faut comprendre comme un problème commun», a renchéri son homologue tchèque Lubomir Zaoralek.

Sauvetages et morts en Méditerranée 

En dehors des Balkans, les garde-côtes italiens ont coordonné le sauvetage de 4.400 migrants en Méditerranée pour la seule journée de samedi, tandis que les autorités grecques se montrent complètement débordées par l'afflux de réfugiés syriens sur l'île touristique de Kos.

Deux migrants sont morts et environ cinq étaient portés disparus lundi après le chavirage de leur embarcation de fortune au large de l'île de Lesbos, en mer Egée, selon la police portuaire grecque.

En Allemagne, un nombre record de 800 000 demandes d'asile est attendu pour cette année, si bien que le pays peine à assurer l'accueil de tous. Parallèlement des actes de violence, généralement imputés à l'extrême droite, sont de plus en plus fréquents.

Le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel pour qui cette arrivée sans précédent de migrants constitue «le plus grand défi de l'Allemagne depuis la Réunification» du pays, s'est rendu lundi à Heidenau.

«Il ne faut pas laisser un millimètre à la populace d'extrême droite, ces gens n'ont rien à voir avec l'Allemagne», a-t-il déclaré sur place.

Après l'entretien Merkel/Hollande, Petro Porochenko devait se joindre à eux, avant une brève conférence de presse à 12h45, pour une rencontre sur «la situation en Ukraine ainsi que la mise en application des mesures des accords de Minsk».

C'est la première fois depuis la signature en février de ces accords de paix que les trois dirigeants se retrouvent ensemble, mais cette fois sans Vladimir Poutine.

Les accords de paix de Minsk 2 avaient permis d'instaurer une trêve précaire dans un conflit ayant tué 6800 personnes en 16 mois, dont 1500 depuis la signature de ces accords.