Treize États membres du Conseil de l'Europe - dont la France, l'Italie, l'Espagne et la Turquie - se sont engagés à mieux lutter contre les violences faites aux femmes, y compris les viols conjugaux et les crimes dits «d'honneur», en vertu d'une convention internationale qui entre en vigueur vendredi.

La mise en oeuvre de ce texte, négocié depuis 2011, «ne pouvait pas mieux tomber» car «la violence contre les femmes demeure l'une des violations des droits de l'homme les plus répandues au quotidien en Europe», a souligné mardi le commissaire aux droits de l'homme de l'organisation paneuropéenne, Nils Muiznieks.

Par ce texte, les États signataires s'engagent à considérer comme des délits ou des crimes les violences contre les femmes et les enfants, et à les poursuivre pénalement en conséquence. Ils s'engagent également à mettre en place des lieux d'accueil pour les femmes battues, où elles puissent recevoir une aide matérielle et psychologique.

Actuellement, «les places dans les foyers pour femmes sont largement insuffisantes et les mesures d'austérité adoptées dans de nombreux pays les ont encore réduites, augmentant ainsi la vulnérabilité» des victimes, déplore M. Muiznieks.

La convention précise que la religion, les traditions ou des concepts comme «l'honneur» ne peuvent jamais servir d'excuses à des faits de violences.

L'entrée en vigueur de ce texte «doit être saluée parce qu'elle contribuera aussi à mettre fin aux mariages forcés, aux mutilations génitales féminines, à l'avortement et à la stérilisation forcés», des formes de violence dont «L'Europe n'est pas exempte», selon le commissaire aux droits de l'homme.

«Au moins 12 femmes sont tuées chaque jour en Europe par la violence liée au genre», précise M. Muiznieks. Ce phénomène, dont l'une des causes principales est «l'inégalité flagrante entre les femmes et les hommes», est présent partout sur le continent, aussi bien en Albanie qu'en Suède ou en Finlande, précise-t-il.

Ainsi 121 femmes sont mortes en France l'an dernier sous les coups de leur compagnon, 134 en Italie, 143 au Royaume-Uni, et «au moins 214» en Turquie, «bien souvent alors même que ces femmes avaient demandé aux autorités de les protéger», s'indigne M. Muiznieks.

Cette nouvelle convention entre en vigueur vendredi 1er août pour les 11 premiers États à l'avoir ratifiée. La France et la Suède, qui l'ont ratifiée début juillet, l'appliqueront à partir de novembre.

Vingt-trois autres États du Conseil de l'Europe ont signé ce texte, mais ne l'ont pas encore ratifié.