Le premier ministre du pays de Galles, Carwyn Jones, estime que le Royaume-Uni devra revoir sa Constitution, peu importe l'issue du référendum écossais. La Presse l'a rencontré hier à Montréal.

Q: Le référendum en Écosse aura lieu le 18 septembre. Il y a de gros enjeux pour le Royaume-Uni. Quel sera l'impact pour le pays de Galles si le Oui l'emporte?

R: L'Écosse est une amie et une alliée très utile. Elle compte 5 millions d'habitants. Le pays de Galles, 3 millions. Ensemble, nous faisons contrepoids dans l'équilibre du Royaume-Uni. Si elle quitte l'Union, il sera plus difficile pour nous d'assurer un équilibre en termes de pouvoirs, de représentation et de redistribution des richesses. Il ne restera que trois nations au Royaume-Uni et 92% de la population sera concentrée en Angleterre, qui compte à elle seule 50 millions d'habitants.

Q: Et si le Non l'emporte?

R: Peu importe ce qui se passera en septembre, des changements constitutionnels majeurs seront nécessaires au Royaume-Uni pour s'assurer d'avoir une Constitution du XXIe siècle et non un reste de Constitution du XIXe siècle. Pour l'instant, il y a trop d'asymétrie, en termes de pouvoirs, entre les différents gouvernements du Royaume-Uni. Il faudra enchâsser les législatures écossaise, galloise et d'Irlande du Nord dans la Constitution du Royaume-Uni. Actuellement, théoriquement du moins, Westminster aurait le droit d'abolir le Parlement écossais et l'Assemblée galloise. C'est une chose qui doit changer.

Q: Certains affirment qu'une victoire du Oui en Écosse raviverait le désir d'indépendance chez les nationalistes gallois. Qu'en pensez-vous?

R: Les gens au pays de Galles voudraient plus d'autonomie, pas nécessairement l'indépendance. Contrairement aux Écossais, nous n'avons pas de pétrole pour justifier une séparation. Et personne n'a démontré jusqu'ici que nous serions mieux financièrement en quittant le Royaume-Uni. Nous pouvons appuyer librement notre langue (le gallois), nous avons nos équipes sportives indépendantes au rugby, au soccer, aux Jeux du Commonwealth, ce qui est très important pour une petite nation. Je ne crois pas que l'indépendance nous rendrait plus Gallois. Et je crois qu'à court terme, nous serions nettement désavantagés.

Q: Le nationalisme écossais se veut plus civique qu'identitaire. Qu'en est-il au pays de Galles?

R: C'est un nationalisme plus émotif. L'Écosse a joint le Royaume-Uni de son propre gré et a toujours conservé ses structures civiques, son système légal, sa monnaie. Le pays de Galles est un pays conquis. Nous sommes devenus partie du Royaume-Uni en 1536. Nous n'avons jamais été un État ni un royaume. Nous n'avons pas eu ces structures civiques, donc chez nous, l'attrait du nationalisme repose davantage sur l'identité culturelle, particulièrement la langue.

Q: Si l'Écosse se sépare, le drapeau britannique devra être modifié. Plusieurs proposent que le vert du drapeau gallois remplace le bleu du drapeau écossais...

R: Même si l'Écosse reste dans l'Union, beaucoup de gens suggèrent que l'on pousse cette cause. Mais nous avons d'autres priorités, comme la Constitution et nous assurer d'un meilleur équilibre dans le système qui existe actuellement...

Le pays de Galles en bref

> Population: 3 063 000 habitants

> Superficie: 20 779 km2

> Gouvernement actuel: Le Parti travailliste, au pouvoir depuis 2011, compte actuellement 30 sièges sur 60. Le parti nationaliste Plaid Cymru occupe 11 sièges. Les partis conservateur et libéral détiennent respectivement 14 et 5 sièges.

> Économie: machinerie, industrie lourde (cuivre, métal), raffineries pétrolières, tourisme