Les deux femmes du groupe contestataire russe Pussy Riot qui purgent une peine de deux ans de camp pour une «prière punk» contre Vladimir Poutine pourraient être libérées par anticipation avant 2014, estime Ekaterina Samoutsevitch, co-accusée, mais remise en liberté.

«La principale tâche consiste à obtenir la libération de Nadia et de Macha», déclare-t-elle dans une interview accordée à l'AFP, utilisant le diminutif des prénoms des deux prisonnières, Nadejda Tolokonnikova et Maria Alekhina.

«Je crois que si nous arrivons à organiser leur défense à un haut niveau, il y a une chance qu'elles soient libérées par anticipation, avant d'avoir purgé leur peine de deux ans», ajoute Ekaterina Samoutsevitch.

Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch avaient été arrêtées en février 2012 dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou, où elles avaient dansé et chanté une prière punk demandant à la Sainte-Vierge de «chasser Poutine», pour dénoncer une collusion entre l'Église orthodoxe et le pouvoir politique.

En août, elles avaient été condamnées à deux ans de camp pour «hooliganisme» et «incitation à la haine religieuse».

À l'issue du procès en appel en octobre, Ekaterina Samoutsevitch, qui avait changé d'avocat, avait vu sa peine commuée en sursis et avait été libérée.

L'affaire a profondément divisé la société en Russie, mais le groupe est devenu depuis un symbole de la protestation contre le régime de Vladimir Poutine, que de nombreux opposants accuse d'atteintes aux libertés.

L'affaire des Pussy Riot reste une épine dans le pied de Poutine, estime Ekaterina Samoutsevitch, soulignant que la pression politique pour la libération des deux autres jeunes femmes du groupe pourrait s'accentuer à l'approche des Jeux olympiques de Sotchi (sud-ouest de la Russie), en février 2014.

«Il est clair que les Pussy Riot n'améliorent pas la situation pour Poutine», estime-t-elle.

«Poutine doit toujours répondre aux mêmes questions gênantes concernant la libération des membres des Pussy Riot, et je pense qu'il va encore être interrogé là-dessus, en particulier avant les Jeux olympiques de Sotchi. Alors je ne sais pas comment les autorités vont réagir et ce qu'elles vont faire», dit Ekaterina Samoutsevitch.

Depuis sa libération, cette petite femme menue est soumise à des restrictions, elle a obligation de rester en Russie et de solliciter la permission des autorités si elle veut quitter Moscou.

Ekaterina Samoutsevitch, et deux autres femmes qui avaient participé à l'action des Pussy Riot dans la cathédrale de Moscou, mais n'ont jamais été arrêtées, affirment être suivies par des inconnus.

«Un jour en sortant du métro, je me suis arrêtée et j'ai remarqué qu'un homme s'était aussi immobilisé. Je l'ai observé me filmer ouvertement avec son téléphone portable. Quand je suis partie, il m'a suivie. J'en ai conclu qu'il était chargé de me suivre», raconte Ekaterina Samoutsevitch.

Une autre femme qui a participé à l'action de février 2012 a elle aussi été «suivie à un arrêt de bus où un homme l'a filmée assez ouvertement avec son téléphone portable et a même réussi à la filmer avec une caméra», dit-elle.

«Je ne sais pas pourquoi ils font ça si ouvertement : il est évident qu'il s'agit d'intimidations», juge-t-elle.

Ekaterina Samoutsevitch observe par ailleurs qu'elle n'est pas autorisée à rendre visite aux deux autres Pussy Riot en détention, l'une dans un camp dans l'Oural, l'autre en Mordovie (Volga).

«Je peux leur écrire, les censeurs me laissent faire, ils ne sont pas intervenus pour le moment», dit-elle.

Les actions de protestation comme celles des Pussy Riot sont toujours pertinentes, estime Ekaterina Samoutsevitch, disant espérer que d'autres personnes prendront le relais.

«C'est difficile pour nous de continuer. Nous avons fait en sorte que d'autres personnes prennent le relais et commencent à prendre des initiatives», dit-elle.