Les deux jeunes femmes du groupe Pussy Riot, condamnées à deux ans de camp pour une prière anti-Poutine dans une cathédrale, sont en route vers des camps éloignés de Moscou, à la réputation difficile, dans les régions de Perm et de Mordovie, a indiqué lundi à l'AFP leur avocate.        

« Des proches sont venus leur apporter des provisions et ils ont appris que Nadejda Tolokonnikova avait été envoyée en Mordovie (500 km à l'est de Moscou, NDLR) et Maria Alekhina dans la région de Perm (Oural, environ 1400 km à l'est de Moscou, NDLR) », a déclaré l'avocate Violetta Volkova, précisant que leur départ avait eu lieu samedi.

Les jeunes femmes sont encore en route, a-t-elle ajouté, expliquant que les transferts en train vers les camps pouvaient parfois prendre jusqu'à un mois.

En effet, les trains transportant les prisonniers cèdent régulièrement la place à d'autres et effectuent de nombreux arrêts en route, y compris lors de trajets courts.

L'avocate n'a cependant pas précisé dans quelles colonies pénitentiaires allaient être envoyées les jeunes femmes.

Aucune confirmation officielle n'a par ailleurs été donnée par les services d'application des peines des régions de Perm et de Mordovie.

« Les camps les plus cruels »

Tolokonnikova, 22 ans, et Alekhina, 24 ans - toutes deux mères de famille, respectivement d'une fille de 4 ans et d'un garçon de 5 ans -, ainsi qu'une troisième membre du groupe avaient été condamnées en août à deux ans de camp pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse » après avoir chanté en février une « prière-punk » contre le président russe Vladimir Poutine dans la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

La condamnation de Tolokonnikova et d'Alekhina a été confirmée en appel le 10 octobre, tandis qu'Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, a vu sa peine commuée en sursis et a été libérée à l'issue du procès.

Après quoi, les deux condamnées avaient déposé un recours afin de purger leur peine lorsque leurs enfants seraient plus âgés, mais la justice russe l'a rejeté.

L'annonce du transfert des jeunes femmes vers leur lieu de détention a provoqué un vif émoi parmi leurs partisans, nombre d'entre eux dénonçant les mauvaises conditions de détention dans ces régions, qui abritaient déjà des camps du goulag durant l'époque soviétique.

« Nadia Tolokonnikova est en route vers la Mordovie. Dans le camp de l'enfer », a ainsi écrit sur Twitter le groupe d'art contestataire Voïna (la Guerre), dont est issue la jeune femme.

« Pour Macha Alekhina, un camp hyper éloigné de Moscou a été choisi », a renchéri ce groupe connu notamment pour avoir dessiné en 2011 un gigantesque phallus sur un pont levant en face du siège du Service fédéral de sécurité (FSB, ex-KGB) à Saint-Pétersbourg.

« Ce sont les camps les plus cruels parmi toutes les options possibles », a renchéri le groupe Pussy Riot sur Twitter.

En septembre, une Tchétchène de 29 ans, détenue pendant 8 ans et demi dans un camp de Mordovie pour une affaire de terrorisme considérée par les défenseurs des droits de l'homme comme montée de toutes pièces, avait dénoncé la violence de l'administration des colonies à l'encontre des détenues en Russie.

« Il est rare que des plaintes émanent des colonies pour femmes. Là-bas tout est plus fermé (que dans les camps réservés aux hommes, NDLR). (...) Mais il y a aussi de la violence dans ces colonies », a souligné le chef de l'ONG pour les droits de l'homme Lev Ponomarev à l'agence Interfax.